Publié le 08/03/2017

En préambule du 9 mars, la JNA a organisé une rencontre sur le thème « Santé auditive, objets connectés et e-santé », au ministère de la santé. Une revue de l’état des recherches et de leurs implications pour les patients.

 

De quoi la santé auditive de demain sera-t-elle faite ? Cette question a été le fil conducteur des riches interventions de médecins, chercheurs et représentants des fabricants. Le colloque s’est ouvert par l’exposé du chef de la prospective à l’Unesco, Riel Miller, qui a invité l’auditoire à ne pas se laisser dominer par la peur des risques et à penser l’avenir en incluant la spontanéité.

Une première table-ronde a porté sur les développements technologiques attendus pour les aides auditives. Philippe Metzger, audioprothésiste, a évoqué les limites des appareils actuels pour la prise en charge de la diplacousie. Le futur est dans la connectivité avec les premiers appareils compatibles wifi, qui autorisent les réglages à distance et l’arrivée d’applis. Les challenges techniques actuels ont été au cœur du propos d’Eric Van Belleghem, directeur marketing de Starkey France. Déployer la connectivité pour la domotique mais aussi pour augmenter la puissance de calcul des appareils permettra aux débruiteurs, notamment, d’être plus performants. La R&D s’oriente vers le bioguidage des aides auditives par l’électro-oculographie, qui détermine où le regard se dirige pour orienter les micros. A la suite, Vincent Péan, directeur de la recherche Med-El France, a fait le point sur l’implant, « petit miracle », aujourd’hui limité par le fait que la stimulation électrique peut générer de la diaphonie et que la pose chirurgicale peut causer des dégâts sur la cochlée. Les progrès viendront certainement de la pharmacologie et des thérapies visant à reconstituer les fibres nerveuses.

La télé-audiologie, outil efficient de diagnostic et de suivi

Au cours de la seconde table-ronde le professeur Thaï Van, chef de service audiologie et explorations orofaciales à Lyon, a insisté sur la nécessité de sortir de la représentation classique qui associe la consultation à « un praticien dans un local avec un matériel adapté ». La difficulté à satisfaire les besoins des personnes souffrant d’une perte auditive, notamment en institution, couplée à la démographie médicale incitent à explorer toutes les opportunités de l’e-santé. Embrayant sur cette idée, Didier Boucara, ORL à Paris, a fait état d’une étude américaine menée à San Francisco, qui a montré un niveau de satisfaction équivalent chez les patients pris en charge en présentiel ou à distance. Pour la France, Jacques Samson, directeur scientifique chez AudioPro Connect, a décrit les différentes expérimentations en cours avec la plateforme APC, à la fois pour le suivi des patients appareillés, pour les télé-réglages et pour la formation en otoscopie. Les résultats de l’étude menée en 2015-2016 seront bientôt publiés.

Pharmacologie, thérapies cellulaire et génique

Jean-Luc Puel, directeur de recherche Inserm, Institut des neurosciences de Montpellier, a effectué une projection vers le futur, évoquant des implants hybrides couplant stimulation électrique et acoustique, y compris pour l’appareillage des presbyacousiques. Il a résumé les essais médicamenteux en cours pour prévenir les effets secondaires de la pose d’implants et les traumatismes acoustiques. Les recherches pour régénérer les cellules nerveuses se poursuivent, notamment par l’utilisation de neurotrophines. Et les thérapies géniques n’ont pas encore révélé toutes leurs potentialités.

Ce colloque ouvre bien des points d’interrogations, au premier chef : comment ces nouvelles thérapeutiques impacteront la pratique des professionnels de l’audition ? A suivre…

 

Un compte-rendu plus détaillé à lire dans le prochain numéro de L’Ouïe Magazine.

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