Publié le 27/03/2017

Le congrès vient de refermer ses portes. Ce cru 2017 a connu une forte fréquentation dès le vendredi. Au cours de la première matinée, les représentants de 4 candidats à l’élection ont défendu leurs propositions en matière d’audioprothèse.

 

Dans ses discours d’ouverture comme de clôture, Luis Godinho, président de L’Unsaf, a insisté sur le chemin parcouru, avec un « coup d’accélérateur » depuis 1 an, pour installer l’audioprothèse comme sujet majeur de la santé publique et « alerter sur le coût de la déficience auditive ». La table-ronde professionnelle du vendredi matin a fait, cette année, une large place à la campagne présidentielle. Les représentants des candidats ont mis en lumière l’avancée de leur réflexion sur le reste à charge. La nécessité de meilleurs remboursements ne semblait pas faire débat. Quant au moyen d’y parvenir, les porte-paroles ont été plus ou moins précis.

 

Améliorer la prise en charge… Mais comment ?

 

Alain Milon, médecin, sénateur LR et président de la commission Affaires sociales, a rappelé l’engagement du candidat Fillon contre l’ubérisation des métiers de santé et la dérèglementation. « Le faible recours aux aides auditives est essentiellement dû au reste à charge. Un travail commun entre l’Assurance maladie, les Ocam et les organisations professionnelles devrait le faire baisser », a-t-il déclaré, estimant les propositions du CIH « minimalistes ». Il a également plaidé pour une « offre d’accessibilité, de qualité, sur tout le territoire dont le montant serait défini avec les audioprothésistes ». La réorganisation des soins envisagée par François Fillon repose sur l’organisation d’Assises en début de mandat et la création d’une agence où siégeraient les services de l’Etat, les caisses de sécurité sociale, les Ocam et les représentants des professions de santé.

Pour Marine Le Pen, Joëlle Mélin, députée européenne, médecin spécialisé en rééducation fonctionnelle et gériatrie, également expert judicaire, a tenu à souligner les possibles synergies entre optique, audio, dentaire et médecine de rééducation. Elle a défendue l’idée d’« une prise en charge directe par la sécurité sociale, bien meilleure et accompagnée de bilans de prévention : tous les 2 ans à partir de 40 ans et de façon plus importante pour les professions exposées à des risques auditifs. Le renoncement ou le retard dans l’appareillage viennent d’un manque de dépistage précoce. » L’objectif de la candidate du Front national est d’améliorer les remboursements de « 50 à 60 % ». Elle a enfin jugé que « le cœur de votre métier est écrasé par la machine commerciale ».

Le professeur Bertrand Baujat, ORL à Paris, a présenté plus généralement le programme santé d’Emmanuel Macron évoquant la mise en place d’un service national sanitaire pour les étudiants en médecine, un grand plan anti-tabac et la rémunération des professionnels de santé pour les actes de dépistage.

Enfin, le professeur Alfred Spira, épidémiologiste, s’est exprimé pour Benoît Hamon. Il a affirmé que la puissance publique n’abandonnerait pas l’audioprothèse et que seule une mutualisation des coûts permettrait un meilleur taux d’équipement. Faisant une règle de trois (prix de vente des appareils aux audios soustrait du prix de vente aux patients, divisé par une moyenne de 15 visites par patient sur 6 ans), il a avancé le prix de 133 € par consultation et l’a comparé aux 23 € de tarif opposable pour un généraliste. Ce calcul a suscité quelques remous dans l’assistance. Le représentant du candidat socialiste a alors évoqué des pistes « pour avancer » : d’une part la dissociation vente/suivi, d’autre part une négociation ou une régulation des prix, issue d’une discussion entre les pouvoirs publics et les professionnels. Il a ajouté que la revalorisation des remboursements par l’Assurance maladie pourrait être importante : 200 € par appareil (200 millions d’euros seraient nécessaires) « mais il faudrait aussi que la profession fasse un pas de son côté », a-t-il indiqué en conclusion.

 

Sur les réseaux de soins : des avis divers et peu favorables

 

Interrogés par Sylvie Fontlupt, les représentants se sont exprimés sur les réseaux de soins. Pour Alain Milon, il faut les supprimer pour que « l’Assurance maladie soit l’interlocuteur des professionnels de santé ». Joëlle Melin a également exprimé la volonté de les arrêter. Bertrand Baujat a affiché une position moins tranchée : « s’ils sont un moyen de fédérer, ils seront à utiliser mais il n’est pas question de leur donner trop de place ». Alfred Spira a indiqué : « on ne peut pas laisser les choses en l’état, mais on manque d’évaluation sur les effets des réseaux de soins ».

 

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