Publié le 24/11/2017

L’Observatoire piloté par Audio 2000, Optic 2000 et Lissac a commandé un sondage et fait réagir des experts sur les questions de la conduite et de la prévention des risques ainsi que sur les perspectives ouvertes par les voitures autonomes à horizon 2030.

 

L’Automobile Club de Paris était le lieu tout désigné pour accueillir la présentation de ce 3e opus de l’Observatoire de la santé visuelle et auditive et la table ronde* consacrée aux risques liés aux défaillances visuelles et auditives sur la route. Les premiers véhicules automatisés arrivent sur le marché : ils pourraient apporter des solutions pour les conducteurs souffrant de ces déficits… A condition qu’ils acceptent de passer la main à la « voiture autonome ».

 

 

Le sondage réalisé** par OpinionWay à la demande du groupe Optic 2000 indique que les Français perçoivent la « bonne vision » comme l’un des principaux facteurs de sécurité routière, après la non-consommation d’alcool et le bon état du véhicule. La qualité de l’audition n’est citée que par 8 % des répondants, ce qui est peu, mais correspond partiellement à la réalité : « L’audition n’est pas un sens primordial pour la conduite mais elle transmet des informations complémentaires à la vue (indications données par le passager, le GPS, le son du moteur) et reste très utile pour percevoir des signaux d’alerte », a expliqué Mary Daval, ORL à la fondation Rothschild. En France, la surdité de naissance n’est pas un obstacle à l’obtention du permis B (sous réserve que le véhicule du conducteur sourd soit équipé de rétroviseurs bilatéraux). Elle interdit en revanche de conduire un poids lourd. Pour les autres malentendants, l’autorisation de conduire est accordée si l’audition est ramenée, par le port d’aides auditives ou la chirurgie, au-delà du seuil de 35 dB.

 

La question de l’audition au volant prend tout son sens concernant les populations âgées, souvent en déficit auditif et visuel. « Une atteinte polysensorielle augmenterait le risque d’accident de la route si elle n’est pas correctement prise en charge », a souligné le Dr Daval, ajoutant que des distractions auditives peuvent perturber la conduite. Elles sont d’ailleurs bien identifiées par les Français, dans le sondage : port d’oreillettes ou d’écouteurs -interdit depuis 2015- musique au volume élevé dans l’habitacle… Un autre facteur de risque, méconnu du grand public cette fois, réside dans la perte de vigilance qui intervient lorsque l’ouïe est sollicitée par une conversation. Rebondissant sur ce constat, l’ophtalmologiste Jacques Chevaleraud a déploré la disproportion entre « les contrôles imposés aux véhicules et ceux appliqués aux humains qui les conduisent » et plaidé pour des dépistages visuels et auditifs systématisés. Et ce ne serait pas un luxe, si l’on en croit les résultats du sondage : ¼ des automobilistes français déclare souffrir de troubles ORL mais seuls 16 % des conducteurs sont appareillés. Et parmi les personnes portant quotidiennement des aides auditives, elles ne sont que 74 % à les mettre systématiquement au volant.

 

 

 

La table-ronde a largement tourné autour des voitures autonomes : « Le véhicule de demain sera composé d’un assemblage de briques technologiques qui pourront compenser les défaillances humaines, en prenant la main partiellement ou totalement sur la conduite », a expliqué Catherine Gabaude, chargée de recherche à l’Institut Français des sciences et technologies des transports. Ces voitures seront permettront aux seniors souffrant de troubles visuels et auditifs incompatibles avec la conduite de continuer à prendre la route et de conserver ainsi leur autonomie.

 

 

 

* La table ronde réunissait notamment : le Dr Jacques Chevaleraud, ophtalmologiste, membre du conseil médical de l’association Prévention routière, Didier Papaz et Yves Guénin, respectivement Pdg et secrétaire général d’Optic 2000, le Dr Mary Daval, ORL à la fondation Rothschild, Céline Lemercier, professeure de psychologie et ergonomie cognitive (Toulouse Jean-Jaurès), Jean-Luc Chabaudie, directeur de la recherche Altran France et Catherine Gabaude, chargée de recherche à l’Institut Français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux (Ifsttar).

 

** Questionnaire en ligne renseigné par 1001 automobilistes représentatifs de la population française du 9 au 19 juin 2017.

 

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