L’Ouïe Magazine n°143 – Novembre 2025

Edito

Faire d’une menace un défi

La menace d’une application de l’article 58 du PLFSS 2023 à notre secteur semble se préciser. Cette disposition, qui prévoit l’encadrement des marges des distributeurs de dispositifs médicaux, impliquerait de fait une dissociation entre l’appareillage et le suivi, voire la fin du forfait, contre lesquelles les organisations professionnelles se sont toujours mobilisées.

« La profession devra et saura s’adapter à l’éventuelle dissociation qu’impliquerait la mise en oeuvre de l’article 58. »

Ce découplage remettrait en effet en cause le modèle intégré qui garantit jusqu’ici la qualité et le succès de la prise en charge des patients. Pour la plupart des acteurs de la filière, les risques sont multiples : réduction des aides auditives à de simples biens de consommation, perte de reconnaissance du rôle essentiel de l’audioprothésiste, fragilisation du parcours de soins…

L’épée de Damoclès se rapprochant, il faut quand même prévoir d’y faire face et, si l’on ne peut totalement l’éviter, l’envisager comme un défi stimulant. Car le rôle essentiel de l’audioprothésiste dans la réussite d’un appareillage est désormais largement admis. Les études le démontrent, les patients et les prescripteurs le constatent : sans suivi de qualité, pas de bénéfice durable. Aucune réforme ne saurait effacer – du moins à court ou moyen terme – ce savoir-faire qui constitue votre coeur de métier.

La profession a prouvé, ces dernières années, son immense capacité d’adaptation avec la mise en place du 100 % santé. Elle a su revoir ses pratiques, l’organisation des centres, le recrutement, le management, tout en maintenant un haut niveau de qualité pour les patients, attesté par la dernière enquête EuroTrak. Il en sera de même avec l’éventuelle mise en oeuvre de l’article 58. Le cas échéant, cette mesure devra vous pousser à montrer que le suivi n’est pas accessoire mais indissociable du succès thérapeutique. Elle vous invitera à resserrer les liens avec vos patients et vos prescripteurs, et à documenter davantage les résultats concrets de vos prestations.

Cette contrainte, en somme, pourrait être transformée en opportunité de faire de l’audioprothèse un exemple de profession qui ne subit pas les réformes mais les dépasse en affirmant sa mission première : permettre aux patients de bien vieillir, de rester autonomes et de préserver leurs liens sociaux.