Publié le 18/11/2014

Une étude menée par Gary Rance (photo) et Dani Tomlin * de l’Université de Melbourne (Australie), publiée dans Ear and Audition, révèle que les enfants présentant des antécédents de pathologie de l’oreille moyenne pendant la petite enfance souffrent de déficits binauraux de la perception du langage qui persistent pendant plusieurs années après l’épisode pathologique.

 

Cette prise de conscience de l’existence de difficultés d’audition spatiale, qui sont à l’origine d’une mauvaise compréhension de la voix d’un enseignant dans une salle de classe bruyante, permet d’envisager le recours à des stratégies correctives telles que la formation auditive, les appareils d’assistance auditive, comme le système Roger de Phonak pour l’éducation, ainsi que des modifications de l’environnement auditif. Il est recommandé que les enfants présentant des antécédents connus de pathologie de l’oreille moyenne fassent l’objet d’une évaluation de leur capacité d’audition spatiale lors de leur entrée à l’école. Le test de diagnostic LiSN-S** (Listening in Spatialized Noise – Sentences) de Phonak permet d’évaluer le traitement spatial chez les patients.

 

«La pathologie de l’oreille moyenne*** est la raison la plus couramment invoquée pour l’envoi des enfants chez un spécialiste, et la plupart des jeunes souffrent d’au moins un épisode au cours des 2 premières années de leur existence. Bien que la pathologie de l’oreille moyenne se corrige rapidement dans la plupart des cas, notre étude a révélé que les fluctuations auditives temporaires pendant la période préscolaire peuvent avoir des effets durables sur le traitement auditif, lesquels entraînent des déficits de perception du langage suffisamment graves pour perturber la communication quotidienne et les progrès scolaires», précise le professeur Rance. ****

*Dani Tomlin et Gary Rance. Long-Term Hearing Deficits After Childhood Middle Ear Disease (Les déficits auditifs à long terme après une pathologie de l’oreille moyenne pendant l’enfance). Ear & Hearing, 3 novembre 2014.

 
**Le test LISN-S
Le test LiSN-S est un outil de diagnostic destiné à l’évaluation acoustique des enfants. Il permet aux cliniciens de mesurer la façon dont un enfant utilise l’information spatiale du son pour comprendre un discours prononcé dans le bruit. L’information spatiale est disponible dans le son lorsque, par exemple, un interlocuteur est situé en face d’un auditeur donné et que des locuteurs gênants (bruit) sont situés ailleurs dans l’espace. Il a été constaté que l’incapacité à utiliser cette information constitue l’une des principales causes du trouble du traitement auditif (TTA). Développé par les docteurs Sharon Cameron et Harvey Dillon des Laboratoires nationaux d’acoustique (NAL) en Australie et distribué par Phonak, le test LiSN-S permet à l’audiologiste de simuler un éventail d’environnements sonores différents. Le test prend environ 20 minutes et consiste à faire répéter par les patients des phrases courtes présentées sous écouteurs en présence de bruits de fond.

 

*** L’otite moyenne
L’otite moyenne (ou « otitis media » en latin) est le terme médical désignant l’inflammation de l’oreille moyenne. Il existe deux types principaux d’otite moyenne : l’otite moyenne aiguë et l’otite moyenne avec épanchement. Le premier type s’accompagne généralement de symptômes, avec notamment une douleur dans l’oreille, tandis que le second type est le plus souvent dénué de symptômes aigus. L’otite moyenne chronique suppurée est moins fréquente et constitue une complication de l’otite moyenne aiguë. Elle est associée à une perforation du tympan, avec ou sans écoulement. Ces trois états sont le plus souvent associés à une perte auditive. L’otite moyenne est très fréquente chez l’enfant mais peut apparaître à tout âge.

 

 

**** Gary Rance
Professeur agrégé, Gary Rance est audiologiste et enseigne à l’université de Melbourne. Il est directeur des programmes d’étude du département d’audiologie et d’orthophonie, coordonne le programme de maîtrise en audiologie clinique et dirige actuellement la recherche fondamentale sur un certain nombre de projets de recherche nationaux et internationaux. Ses domaines de recherche ont porté sur divers aspects de la mesure du potentiel évoqué auditif (notamment l’application clinique des réponses auditives à l’état stationnaire), les résultats des implants cochléaires chez l’enfant, et la caractérisation perceptive des enfants malentendants. Plus récemment, il s’est distingué comme chef de file dans le domaine des troubles du spectre de la neuropathie auditive (ANSD), et a été responsable des premières publications décrivant cette forme de déficit auditif des nouveau-nés.

Photo : Gary Rance

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