Publié le 04/10/2016

Une étude commanditée par L’Observatoire citoyen des restes à charge* au cabinet Asteres détaille le fonctionnement des réseaux de soins et n’y voit que des avantages, en termes de tarifs, de régulation globale des dépenses de santé ou de qualité des prestations. Pour le Syndicat national des audioprothésistes, ces travaux ont été influencés par Santéclair et ne reflètent absolument pas la réalité des réseaux, qui au contraire « dégradent la qualité » en audioprothèse.

 

Dans son document de 35 pages, le cabinet Asterès n’émet pas la moindre critique envers les réseaux de soins et vante, le plus souvent sur la base de données transmises par Santéclair, tous les mérites de ces dispositifs. Il fait notamment valoir que « les diminutions tarifaires des professionnels de santé partenaires de ces plateformes varient, selon les soins dont il est question, de 10 à 50 % par rapport à la moyenne du marché » (821€ d’économie en moyenne chez Santéclair en audio) et que « les complémentaires santé peuvent par ailleurs proposer d’améliorer la prise en charge pour les patients qui privilégient un professionnel ayant adhéré à leurs réseaux de soins ». Il ajoute également que « la qualité des soins au sein des réseaux est encadrée », à travers les exigences figurant au cahier des charges et les contrôles effectués par les plateformes, alors « qu’en dehors des réseaux, les professionnels de santé intervenant en ville ne font l’objet d’aucune évaluation de la qualité de leurs pratiques ». Concernant la liberté de choix, qui est une des principales critiques formulées à l’encontre de ces dispositifs, l’étude rétorque aussi que « les réseaux reposent sur une logique incitative » et que, « dans tous les cas, les patients restent libres du choix de leur professionnel de santé et peuvent donc s’orienter vers un praticien en dehors du réseau ».

Asterès affirme également qu’au-delà de leur périmètre, les réseaux induisent, via le jeu de la concurrence, une baisse globale des tarifs y compris chez les professionnels de santé non affiliés. Sur l’audio, son étude note par exemple que, en 2014 et 2015, l’indice des prix des aides auditives s’est replié de 0,1% et 0,2%, en raison de la montée en charge des réseaux d’audioprothésistes depuis 2013 et de l’arrivée des opticiens sur le secteur. Nicolas Bouzou, co-auteur de l’étude avec Christophe Marques, estime ainsi que les réseaux de soins permettent à ce jour de réaliser une économie globale (pour les patients et les complémentaires santé), tous secteurs confondus, d’1 milliard d’euros par an et sont donc favorables « à l’intérêt général ».

 

« Des résultats sans nuances ni démarche contradictoire »

L’Unsaf a réagi immédiatement à cette nouvelle étude. Le syndicat pointe tout d’abord du doigt « la partialité » de L’Observatoire des restes à charge, une structure « sous l’influence de Santéclair ». « De plus, l’apparente caution des patients, donnée par le CISS et 60 Millions de consommateurs, pourrait fausser la concurrence entre la plateforme Santéclair et ses 5 concurrents (Kalivia, Istya, Itelis, Sevéane et Carte Blanche) », ajoute l’organisation. Celle-ci contredit aussi fermement les travaux d’Altarès en constatant une « dégradation de la qualité et de l’information en audioprothèse sous l’action des réseaux de soins ». L’Unsaf s’appuie sur les données Eurotrak, selon lesquelles la satisfaction globale des patients appareillés était en 2009 de 86% en France et de 72% en Allemagne, et respectivement de 84% et de 77% en 2015. « En 6 ans, le différentiel de satisfaction entre les deux pays est passé de 14 à 7 points. Malgré l’effet des innovations technologiques, la satisfaction se dégrade en France à cause des bouleversements provoqués par les réseaux de soins en audioprothèse apparus en 2009 », déclare le syndicat, pour qui « la communication permanente de certains réseaux sur les ‘tarifs élevés’ des audioprothésistes désinforme les patients en confondant prix et reste à charge ». Enfin, l’Unsaf regrette qu’à ce jour, les réseaux de soins échappent à toute évaluation par les pouvoirs publics : le rapport d’évaluation de ces dispositifs, prévu par la loi Le Roux, n’a encore jamais été remis. Alors qu’Asterès revient sur un récent rapport de la Cour des comptes qui mise sur les réseaux pour peser notamment sur les tarifs en optique et en dentaire, l’organisation professionnelle juge qu’il « serait aussi opportun » que cette institution « évalue la réalité de l’efficience des réseaux, avant de les proposer comme solution pour les secteurs où l’assurance maladie obligatoire est aujourd’hui désengagée. Enfin, l’Autorité de la concurrence pourrait vérifier la conformité des pratiques des réseaux avec son avis de 2009, voire mettre en chantier un nouvel avis, le secteur ayant beaucoup évolué et les différends entre professionnels de santé et plateformes étant en forte progression ».

« Dans les secteurs à fort reste à charge comme l’audioprothèse, il s’avère donc que les plateformes sont en réalité un obstacle à la nécessaire négociation entre les syndicats de professionnels de santé représentatifs et les financeurs, publics et complémentaires. Cette négociation est pourtant la seule solution pour améliorer l’accès aux soins et résoudre le trop fréquent renoncement, sans sacrifier la qualité car ‘le plus beau vecteur d’économie, c’est la qualité de la prise en charge’, selon les propos récents de Nicolas Revel, directeur de l’Assurance maladie », conclut l’Unsaf.

 

Pour accéder à l’intégralité de l’étude, cliquez ici

 

*L’Observatoire citoyen des restes à charge en santé a été créé début 2013 par trois partenaires : le Collectif interassociatif sur la santé (Ciss) qui regroupe quarante associations intervenant dans le champ de la santé, le magazine 60 Millions de consommateurs et la société Santéclair.

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