Publié le 10/07/2018

Les instances professionnelles des médecins ORLs ont publié une lettre ouverte à Agnès Buzyn. Elle fait suite à un communiqué du syndicat de généralistes MG France qui s’émeut de voir que le gouvernement prévoit de réserver la primo-prescription des appareils auditifs aux ORLs.

 

Selon l’avis de projet relatif à la mise en place d’une offre sans reste à charge en audioprothèse, les premières aides auditives ne pourront pas être prescrites par un généraliste. Dans un communiqué publié fin juin, MG France estime que cette mesure (sur laquelle la HAS doit encore se prononcer) conduirait les personnes âgées à reporter ou à renoncer à leur appareillage. « Elle est incohérente alors que l’État cherche à limiter le reste à charge financier des patients lors de l’acquisition de ces équipements. Elle est vexatoire pour la profession généraliste qui sait parfaitement reconnaitre les cas où l’intervention d’un ORL est nécessaire (…). En matière d’appareillage comme en matière de médicaments, MG France s’oppose une nouvelle fois à des mesures discriminatoires qui limitent la liberté de prescription des médecins généralistes et compliquent l’accès aux soins de leurs patients », s’insurge le syndicat de généralistes.

 

Dans une lettre ouverte à la ministre de la Santé, le CNP d’ORL (Conseil national professionnel d’ORL, qui coordonne les missions de la SFORL, du Collège et du Syndicat national des ORL) répond à cette publication et à un article du Quotidien du médecin relatant que les ORL « se réjouissent » de cette exclusivité de la primo-prescription. « C’est amener l’exercice médical très loin de son éthique et de son humanisme, toutes valeurs princeps préservées par notre système de santé », regrette l’organisation. Elle rappelle entre autres « que le diagnostic de surdité et ses corollaires relèvent des fondements de l’enseignement universitaire de chaque ORL avec un semestre consacré aux explorations cochléo-vestibulaires ».

 

Le CNP d’ORL affirme que, quel que soit son mode d’exercice, l’ORL est une « référence dans la décision thérapeuthique sur une surdité et notamment dans la prescription documentée d’appareillage auditif, décision toujours lourde de conséquence pour le patient sur le plan psychologique et, jusqu’à aujourd’hui, financier ». Dans ce contexte, il s’inquiète que, dans le cadre des négociations sur le RAC 0, « une complémentarité médicale se trouve réduite à une confrontation de pouvoirs médicaux », tout en reconnaissant avoir entendu les priorités de santé des pouvoirs publics concernant la prévention. « Il est essentiel que le médecin spécialiste en médecine générale prenne toute sa place dans la prévention et le dépistage précoce des déficits auditifs. L’émergence de la médecine prédictive, préventive, personnalisée, participative, de parcours et de preuves (médecine 6P) doit nous permettre de coordonner et de coopérer sur ces nouvelles approches d’un exercice médical audiologique », écrit le CNP. Il sollicite ainsi un rendez-vous avec Agnès Buzyn « afin d’équilibrer les enjeux de la réforme du RAC 0 par une réflexion médicale sur la qualité et la pertinence des prescripteurs et des prescriptions des systèmes d’audioprothèses ».

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