Publié le 07/05/2019

Le découplage en audioprothèse permettrait-il de responsabiliser les patients ? Ou aux Ocam de réaliser des économies ? Dans une tribune publiée dans Les Echos le 30 avril, Pierre François, directeur général SwissLife Prévoyance et Santé (également président de Carte Blanche), réaborde la question de la dissociation.

Pour Pierre François, l’augmentation des coûts de santé pousse à s’interroger sur le bien-fondé d’une dépense, « non dans le but de la faire baisser, mais pour s’assurer de l’optimisation de cette dépense en particulier au regard des enjeux et orientations voulus par nos concitoyens ». Il estime aussi indispensable de « disposer de critères de décision et d’une organisation qui répartisse les responsabilités entre les différents acteurs avec de réelles capacités de pilotage pour être en mesure de faire des choix et de contrôler ».  Il revient sur la notion de solidarité, « clé de voûte de notre modèle de soin », qui est cependant « de nature à faire croître significativement les dépenses », et sur celle de responsabilité, qui « peine à se concrétiser même si elle se retrouve fréquemment au cœur des débats ». Il cite à ce propos les discussions relatives au RAC 0 en audioprothèse : « il n’a pas été retenu (…) une proposition des assureurs d’avoir deux offres, une comme aujourd’hui qui couple matériel et suivi et une seconde qui découple ces deux interventions ; chacun pouvant se déterminer librement et en responsabilité, tout en sachant que la capacité d’assurer ce suivi annuel reste discutable dans bien des cas liés aux évolutions de vie des personnes concernées. Passer de la théorie à la pratique en matière de responsabilité requiert un arbitrage fin entre éthique et considérations économiques. »

Mettre en place le découplage en audioprothèse permettrait donc, selon le directeur général SwissLife Prévoyance et Santé, de responsabiliser les patients. Rappelons cependant que, lors de la concertation sur le RAC 0, cette proposition a, selon nos informations, surtout été appuyée par Carte Blanche Partenaires à travers des arguments financiers : dans un document transmis début 2018 au ministère de la Santé par la plateforme, cette dernière explique en effet que la dissociation appareil / suivi (avec remboursement annuel par le RO et le RC des rendez-vous de suivi à réception de facture) permettrait de « réduire significativement les dépenses initiales des patients et les remboursements par l’assurance maladie obligatoire et les assurances maladie complémentaires ».

Notons enfin que, dans sa tribune, Pierre François invite les pouvoirs publics « à faire davantage confiance aux complémentaires santé pour qu’elles soient considérées comme de véritables partenaires avec un rôle additionnel à jouer », ce qui impliquerait « un dessaisissement des autorités régulatrices traditionnelles au bénéfice des complémentaires santé », sans lequel elles « se sentiront éternellement les “payeurs aveugles” du système, toujours accusés de n’apporter qu’une faible valeur ajoutée alors qu’[elles] aspirent à bien plus ».

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