Ouïe Magazine

 
Publié le 16/03/2023

 

Le Snitem a organisé ce matin une table ronde pour tirer le signal d’alarme sur ce sujet brûlant. Y participaient Fabrice Vigneron, DG de Starkey et nouveau président du pôle audiologie du Snitem, Guillaume Joucla, DG de Sonova France,  désormais vice-président du même pôle, Louis-Charles Viossat, inspecteur de l’Igas et l’un des co-auteurs du rapport consacré à la filière audiologique, et Maher Kassab, PDG de Gallileo Business Consulting.

En introduction de cette table ronde animée par notre consœur Ludivine Aubin-Karpinski, les intervenants se sont accordés sur le bilan extrêmement positif quantitativement, du 100 % santé, mais aussi sur les très bons niveaux de satisfaction en France (82 % de satisfaits selon Eurotrak). Le taux d’adoption est passé de 41 à 46 % entre 2018 et 2022, a rappelé Fabrice Vigneron, tandis que Guillaume Joucla a souligné que le taux d’appareils de classe I était très supérieur à celui attendu initialement par les pouvoirs publics (38 % actuellement, contre 20 % minimum attendus).

Le panel a ensuite exploré les difficultés posées par la fin des primo-prescriptions par les généralistes (auteurs de 20 à 25 % de celles-ci, selon l’Igas), non formés en otologie, et la pénurie d’ORL, ainsi que leur inégale répartition sur le territoire. Louis-Charles Viossat a rappelé la proposition de l’Igas d’attendre qu’un certain nombre de généralistes (3 000) aient validé la formation requise avant de restreindre leur capacité de prescrire. Il a également nuancé l’ampleur des difficultés d’accès aux soins en audiologie, considérant la progression du taux d’appareillage, qui est aujourd’hui en France parmi les plus forts au monde.

 

Un revirement dans les chiffres

Guillaume Joucla s’est fait l’écho de remontées de terrain montrant que les difficultés d’accès aux prescripteurs avaient déjà un effet sur le marché : « jusqu’en novembre, on constatait un petit réajustement du marché tout à fait logique après une progression de 85 % en 2021, à partir de décembre, on a vu un revirement (dans les chiffres sell in, ndlr) : -13,6 % en décembre, – 10,7 % en janvier, – 10,3 % en février ». Dans ce contexte, trouver des solutions à la pénurie d’ORL est indispensable, a-t-il expliqué.

Pour Maher Kassab, toute la problématique réside dans le manque de temps disponible, de la part des ORL, mais pas seulement : « les médecins ont de moins en moins de temps pour parler et faire de la pédagogie auprès de leurs patients. Le généraliste est essentiel pour sensibiliser. A partir du moment où il ne peut plus primo-prescrire, il va perdre cette compétence et risque de ne plus parler du tout d’audition à ses patients ».

Télé-consultation et délégation de tâches

Pour l’heure, la piste de la formation des généralistes en otologie est insuffisamment exploitée (quelques dizaines de praticiens formés), parce qu’ils manquent aussi de temps pour se former et parce que le retour sur investissement n’est pas évident, pour eux. Des solutions pourraient être trouvées du côté de la télé-médecine (télé-consultation ou télé-expertise) ou des délégations de tâches en ORL. Les représentants du pôle audiologie du Snitem se sont montrés favorables aux deux possibilités, indiquant qu’à l’instar de l’optique, la création de postes avancés de télé-consultation en ORL, dans les déserts médicaux, pourrait constituer une réponse efficiente au manque de médecins. Quant au travail aidé dans les cabinets d’ORL, des freins existent : « les ORL ont beaucoup moins d’allant que les ophtalmologistes dans ce domaine, a jugé Louis-Charles Viossat. Et il faut des gens pour faire ce travail, or il n’y a pas de candidats naturels. Assez peu d’orthophonistes s’occupent de la surdité. Les audioprothésistes ont un problème évident de conflit d’intérêt et ne sont pas candidats… » Il reste, bien entendu, la possibilité de créer une profession d’audiologiste, hypothèse évoquée mille fois sans trouver de concrétisation jusqu’à présent. Cependant, selon Maher Kassab, à ne pas avancer sur la question du travail aidé en ORL, on laisse la place aux « tricheurs » et aux mauvaises pratiques, il est donc nécessaire d’avancer sur ce point.

 

Voir aussi notre débat TV : “Fin de la primo-prescription par les généralistes : quel impact sur les ventes ? Quelles solutions envisager ?”, avec Brice Jantzem, président du SDA, et Guillaume Joucla, vice-président du pôle Audiologie du Snitem

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