Publié le 24/03/2023

Stéphane Bardet, audioprothésiste, président d’Audition Conseil et de Luz Audio, a présenté au 43ème Congrès des audioprothésistes une étude prospective modélisant le futur du marché français de l’audition à 5 ans. Cette enquête a été élaborée par un cabinet d’audit sur la base de 47 entretiens avec des acteurs de l’ensemble de la filière – industriels, distributeurs, audioprothésistes et patients – et d’une enquête auprès de 400 utilisateurs et proches d’utilisateurs d’aides auditives. Zoom sur ses principaux enseignements.

Une contraction à court terme, puis un rebond

Après le boum de 2021-2022, l’étude pronostique une baisse des ventes en 2023 et 2024, suivie d’une reprise en 2025 et 2026 avec le renouvellement d’une forte proportion d’appareils auditifs. Sur la période 2022-2026, le marché devrait connaître une croissance moyenne en volume de 2,1 % par an et de 1,6 % en valeur. En effet, le prix moyen devrait accuser une légère baisse de 0,5 % par an dans les prochaines années, en raison de la forte pression sur la classe II (discounters, nouveaux produits d’entrée de gamme moins onéreux…) et de la baisse potentielle du prix plafond de la classe I.

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+ 6 % d’audios / an

Entre 2018 et 2020, le nombre de centres a augmenté de 10 % (contre 3 % entre 2013 et 2018) pour s’établir à environ 6 000. L’enquête évoque les opportunités de croissance qui perdurent dans les zones rurales, en soulignant cependant les freins liés aux difficultés de recrutement d’audios, « davantage tentés par des régions plus attractives et les zones urbaines ». L’étude prévoit que le ratio d’audio par centre (0,7 aujourd’hui) augmente en corollaire du ralentissement de la croissance du nombre de centres et de l’augmentation de la demande. Elle temporise en outre les conséquences de la baisse progressive du nombre d’ORL, estimant que celles-ci seront en partie compensées par les prescriptions des médecins généralistes (29 % en 2018, 34 % en 2021). En revanche, la pénurie d’audios devrait se poursuivre. Même si le nombre de diplômés a progressé ces dernières années et devrait, selon l’enquête, continuer à augmenter (elle pronostique 6 500 audioprothésistes en exercice en 2027 – contre 4 600 en 2021 – dont 30 % de diplômés à l’étranger), la démographie de la profession restera en-deçà des besoins des enseignes. Côté distribution, une vingtaine de groupes ou d’enseignes représentent aujourd’hui 75 % des centres. L’étude prédit l’expansion des chaînes et une relative stabilité des réseaux d’indépendants. Quant aux discounters, il sont appelés à se développer, sans pour autant bousculer le marché en raison de l’importance donnée par les patients français à la qualité et au service.

 

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Un prix moyen de 1 265 euros dans 5 ans

Bien connus, les facteurs de croissance du marché sont multiples : le vieillissement de la population française, la hausse de la prévalence des troubles auditifs (7,4 millions de malentendants estimés en 2027 contre 7 millions en 2022), la hausse du taux d’équipement (évalué à 56 % d’ici à 2027, contre 41 % en 2018 et 46 % en 2022), celle du taux de productivité des audios (+73 % en 2021 à 363 appareils/an), le 100 % santé et l’innovation tirent les volumes vers le haut. A contrario, le prix moyen des aides auditives devrait baisser, mais dans une moindre mesure que ces dernières années (-7 % / an entre 2019 et 2021 en raison du 100 % santé). Ce prix devrait s’établir à 1 265 euros en 2027 (836 euros pour la classe I, sous l’effet de la pression des Ocam, et 1 530 euros pour la classe II).

 

2,6 milliards d’euros en 2027 selon l’étude

Sur la base de ces prévisions, l’étude présente 3 scénarios prospectifs, qui prennent en compte la croissance du nombre de primo-accédants et les ventes en renouvellement. Le modèle intermédiaire se base sur un taux d’équipement de 58 % en 2027, une croissance en valeur de 0,6 % par an entre 2022 et 2027, et tous les ans, un renouvellement de 45 % des appareils achetés 4 ans auparavant et le remplacement de 5 % des appareils achetés il y a moins de 4 ans suite à une casse / perte. Ce scénario prévoit un marché de 2,6 milliards d’euros en 2027, en croissance de 1,6 % par an entre 2022 et 2026 pour 1,774 million d’appareils vendus (1,696 en 2021), dont 22 % en primo-équipements et 38 % de classe I (comme aujourd’hui).

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