Publié le 29/02/2024

 

L’association JNA a organisé ce matin, au ministère du Travail, de la santé et des solidarités, une matinée de débats, en amont de la Journée nationale, jeudi 14 mars, consacrée aux acouphènes. Elle a dévoilé les chiffres inédits d’une vaste enquête menée auprès de personnes qui en souffrent et tournée vers le coût de ce fléau.

 

Cette année, la JNA milite pour faire reconnaitre les acouphènes comme un handicap invisible. Au cours de la matinée qu’elle a animée aujourd’hui, plusieurs jeux de données, de différentes sources, ont été présentées, constituant un corpus extrêmement vaste (et pas encore complètement exploité) sur l’épidémiologie des acouphènes en France, sur leurs impacts et les coûts qu’ils induisent.

La JNA et France Acouphènes ont conduit, avec l’appui de la société d’études Sanoïa, une enquête inédite (PESA) auprès des personnes concernées afin d’évaluer le poids économique et social des acouphènes. Ses résultats ont été présentés par Jean-Charles Ceccato, maître de conférences à l’université de Montpellier. Plus de 1 500 réponses d’acouphéniques au questionnaire comptant 137 items, ont pu être exploitées. En voici les principaux enseignements.

1/3 des patients qui souffrent d’acouphènes n’ont jamais consulté. 60 % consultent spécifiquement pour leurs acouphènes (75 % un ORL, 17,2 % un généraliste).

Pour les autres, 1 fois sur 2 la cause des acouphènes a été identifiée. Un évènement spécifique a pu être retrouvé pour un peu plus du quart (27,6 %) du total.

La JNA dévoile le coût faramineux des acouphènes

Parmi les incidents déclarés, celui qui marque le plus les personnes est le traumatisme sonore. Et, comme on le sait, les comorbidités sont très nombreuses pour les patients acouphéniques, dont les symptômes sont aussi potentialisés par des éléments extérieurs : bruits, stress, manque de sommeil. 19,2 % des répondants ont une reconnaissance de travailleur handicapé, pour une autre cause, majoritairement la surdité ou un trouble anxio-dépressif. L’impact des acouphènes a été qualifié par l’intégration dans l’enquête d’un questionnaire international validé (THI). 30 % des acouphènes sont vécus comme sévères à catastrophiques.

Comme pour la perte auditive, il existe un délai conséquent entre la survenue des premiers symptômes et la prise en charge.

La JNA dévoile le coût faramineux des acouphènes

 

Les acouphènes ont un coût tangible

16 % des gens interrogés ont déjà été en congé maladie en raison de leurs acouphènes. La médiane est de 15 jours d’arrêt de travail sur l’année. 11,4 % des patients disent avoir changé d’emploi ou opéré une réorientation professionnelle en lien avec leurs symptômes.

19 % (hors étudiants et retraités) déclarent une perte de revenus de 2 000 euros et jusqu’à 4 000 euros en Ile-de-France.

Coût total du parcours de soin :

840,75 € par an par patient pour les consultations et les examens, dont 296,75 € pris en charge par la sécurité sociale

1 512,75 € par an par patient pour les équipements dont 382,15 € pris en charge par la sécurité sociale

La JNA dévoile le coût faramineux des acouphènes

 

En extrapolant sur le nombre probable de personnes souffrant d’acouphènes permanents (4,9 millions), l’étude PESA évalue le coût global cumulé, pour les patients et pour la société à près de 12 milliards d’euros par an.

Ce calcul est fait a minima, sans prendre en compte les arrêts de travail et qui serait à rapprocher de celui fait par l’Ademe sur le coût social du bruit (plus de 150 milliards). Les données de l’enquête PESA, JNA-France Acouphènes, doivent encore être analysées plus finement et complètement, le sondage ayant été mené jusque fin janvier.

 

« Prendre en charge les acouphènes, c’est soulager les patients, mais aussi la société », a analysé le Pr Jean-Luc Puel, président de l’association JNA. Celle-ci a aussi commencé à se plonger dans les données issues des centres de prévention de l’Agirc-Arrco, qui réalisent des bilans multi-dimensionnels chez les plus de 50 ans incluant systématiquement un audiogramme tonal de dépistage, y compris pour les personnes n’exprimant aucune gêne. Cette base recèle une très grande richesse car elle porte sur de très nombreux critères (santé, poids, métier…) avec un  panel de plus de 18 600 personnes. Seule la moitié des individus présentant une perte auditive est appareillée.

 

La JNA a également présenté les résultats de son baromètre annuel, réalisé avec l’Ifop, et cette année également centré sur les acouphènes. Nous vous en ferons part dans un prochain article.

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