En 1ère analyse, l’étude clinique Achieve (qui compare les effets de l’appareillage à ceux de conseils santé chez des personnes âgées de 70 à 84 ans) n’avait pas montré d’effet net sur le déclin cognitif. Une seconde analyse vient d’identifier un impact réel sur le ralentissement du déclin cognitif, pour certains patients.
Cette nouvelle analyse, sujet d’une publication il y a quelques jours dans la revue Alzheimer’s & Dementia*, s’est concentrée sur une partie de la cohorte : 2 692 personnes, ne présentant pas de démence, appartenant pour part au sous-groupe “ARIC“ (Atherosclerosis Risk in Communities) et pour part nouvellement recrutés. A l’aide d’un modèle incluant les diverses pathologies dont ils pouvaient souffrir, y compris la dépression, leur âge, la condition physique et une évaluation cognitive, les chercheurs ont calculé le niveau de risque de déclin cognitif de chaque participant. Certains ont donc été appareillés et les autres ont reçu des conseils pour rester en bonne santé (comme toujours dans la méthodologie de l’étude Achieve). Sur 3 ans, parmi les personnes dans le quartile le plus à risque, celles ayant été équipées d’aides auditives ont présenté un déclin cognitif ralenti de 61,6 % par rapport aux autres. L’effet a été d’autant plus marqué pour les individus accumulant le plus de facteurs de risque prédictifs d’une dégradation cognitive.

Évolution sur trois ans de la cognition globale selon le score de risque prédit de déclin cognitif chez les participants à l’essai ACHIEVE, par comparaison entre le déclin cognitif prédit et observé par affectation de traitement randomisé.
« Une période d’observation prolongée est nécessaire pour déterminer si des bénéfices cognitifs sont mesurables chez les participants présentant moins de facteurs de risque et un déclin cognitif plus lent », expliquent les auteurs de l’étude. Ils pointent eux-mêmes les limites de leurs travaux, à date : les scores cognitifs des personnes appareillées peuvent avoir été améliorés par le fait qu’elles ont mieux entendu les questions que les autres. C’est d’ailleurs dans la fonction langagière que l’écart le plus favorable aux participants équipés d’aides auditives a été trouvé. Autre bémol aux conclusions de l’étude, souligné par les auteurs eux-mêmes : au sein de la cohorte considérée, le niveau d’éducation et les revenus sont plus élevés que la moyenne aux Etats-Unis. Ils n’en défendent pas moins une meilleure prise en charge des appareils auditifs, susceptible de « réduire le fardeau de la démence ».