Les principaux résultats de l’enquête réalisée par Anovum pour les associations européenne et française de fabricants, Eurotrak 2025, ont été présentés hier au cours du colloque dédié à l’audiologie, organisé par le Snitem. Ils montrent, entre autres, “une adoption record des aides auditives, un parcours patient plus fluide et une recommandation de l’audioprothésiste en forte hausse“, se sont réjouis Fabrice Vigneron et Xavier Temmos, respectivement président et vice-président du groupe sectoriel Aides auditives du syndicat.
Pour rappel, les enquêtes Eurotrak interrogent les habitants des différents pays et notamment les malentendants, appareillés ou non*. Conduite par Anovum pour l’association des industriels européens (Ehima) et pour le Snitem, l’édition 2025 est dévoilée 3 ans après la précédente, au lieu de 4 habituellement, sans doute pour évaluer au plus vite les effets de la mise en place du 100 % santé.
En cohérence avec le baromètre ORL de Gallileo, Eurotrak atteste d’un meilleur taux d’orientation vers les centres auditifs. Parmi les malentendants français :
- 82 % ont consulté un médecin, généraliste ou ORL,
- 67 % se sont vus recommander le port d’aides auditives,
- 58 % se sont rendus dans un centre auditif,
- 55 % ont acquis un appareil.
Le taux d’abandon entre la recommandation du médecin et l’acquisition d’aides auditives est de 18 %. Il était de 29 % en 2022. La recommandation de l’ORL est capitale dans la décision des malentendants de s’appareiller ou non. Fabrice Vigneron et Xavier Temmos ont cependant souligné que seuls 33 % de population se font réellement dépister, que 30 % des rendez-vous ORL sont obtenus à plus de 3 mois – des délais “à surveiller” -, et que le dépistage systématique (pharmacies, médecine du travail, campagnes mobiles) reste un “gisement majeur pour améliorer la prise en charge“.
44 % des malentendants restent non-appareillés
L’étude EuroTrak 2025 montre que le taux d’adoption a bondi (55,5 % des malentendants sont appareillés, vs 45,7 % en 2022). Grâce à cette progression, directement liée à la mise en place du 100 % santé puisqu’elle se manifeste au terme de la période 2022-2025, la France devient le pays du monde avec le meilleur taux d’équipement auditif, avec le Danemark. Et ceci sans dégradation des indices de qualité de vie et de satisfaction des patients. Cette dernière s’établit à 83 % (+1 point). 97 % disent que leurs appareils auditifs améliorent leur qualité de vie, au moins en partie. Et 63 % des personnes appareillées disent qu’elles auraient dû s’appareiller plus tôt. “Il faut encore 2 à 3 ans en moyenne pour se décider, d’où l’important taux de regrets d’avoir attendu“, regrettent les représentants du Snitem, en ajoutant que, 44 % des malentendants restant non-appareillés, “l’enjeu se déplace maintenant vers l’activation des retardataires (stigma résidueln complexité du parcours)“.
La hausse du taux d’équipement n’a pas non plus conduit à une dérive du point de vue de la proportion d’appareillages binauraux : 74 % du total vs 73 % dans la précédente enquête. Autre évolution à noter, la part de patients qui utilisent des applications mobiles avec leurs aides auditives (42 %) est en augmentation de 7 points, avec une satisfaction quant à ce service également en progrès (80 % de satisfaits vs 66 % il y a 3 ans).
Sur d’autres items, les réponses sont stables. La durée médiane entre 2 renouvellements reste pour l’instant inchangée : 5 ans. Et le temps de port moyen par jour a peu changé, 8,8 heures contre 8,4 heures en 2022. De même pour le non-port des aides auditives : il concerne toujours 11 % des possesseurs d’appareils (4 % ne les utilisent pas du tout, 7 % moins d’une heure par jour). “Le très faible taux de non-port illustre une meilleure adéquation produit-besoin et un accompagnement post-appareillage plus efficace. Cela valide la stratégie de suivi rapproché“, commente le Snitem.
Et, se projetant dans l’avenir, les répondants sont également plutôt positifs. 81 % des personnes qui ont acquis leurs appareils en 2020 ou avant envisagent de les renouveler : 31 % dans l’année, 33 % dans les 2 ans, 17 % dans les 3 ans. Plus généralement, plus de 80 % des malentendants veulent acquérir leurs appareils dans un centre auditif (81 % des possesseurs, 82 % des non-possesseurs) contre autour de 10 % dans un magasin d’optique (11 % des possesseurs, 10 % des non-possesseurs).
“Le succès du 100 % santé montre ce que nous pouvons faire ensemble. Maintenant que plus d’un malentendant sur deux est appareillé comment franchir la prochaine étape pour que chaque patient accède, avec un délai raisonnable et avec accompagnement, à une solution adaptée, utile et durable ?“, ont questionné en conclusion Fabrice Vigneron et Xavier Temmos.
Deux tables rondes réunissant les représentants de la profession, des prescripteurs et des pouvoirs publics ont succédé à la présentation de l’étude EuroTrak 2025. Divers éléments de réponses et pistes de réflexion ont été présentés. Nous reviendrons dès la semaine prochaine sur les prises de position de chacun.
*Echantillon : 14 939 personnes. Malentendants non-appareillés : 599. Malentendants appareillés : 705.
