The Shift Project a poursuivi ses travaux, après la publication d’un rapport intermédiaire, sur les moyens de décarboner les dispositifs médicaux. Il identifie 4 leviers pour réduire de 79 % le bilan carbone des aides auditives.
Dans son rapport final sur la décarbonation de la santé, le think tank The Shift Project confirme son évaluation initiale : la santé représente 8 % des émissions de CO₂ nationales. Pour les dispositifs médicaux, le total se monte à 7,4 MtCO₂e, l’équivalent des émissions annuelles des habitants de Marseille. Ce bilan est pour beaucoup lié à la production des matières premières utilisées, notamment le plastique (200 000 tonnes par an). Les recherches du Shift Project montrent qu’il est possible de faire baisser drastiquement les émissions induites par les dispositifs médicaux. Chaque catégorie étant bien spécifique, le think tank a établi des fiches par type (équipements d’imagerie, lunettes, dispositifs implantables, aides auditives…) pour montrer les mesures à privilégier pour réduire les émissions.

Les aides auditives consommées en France induisent des émissions d’environ 11 ktCO2e par an (évaluation et graphique, The Shift Project).
Pour améliorer ces résultats de près de 80 %, 4 leviers principaux ont été identifiés.
- Augmenter la durée de vie des aides auditives, en garantissant la disponibilité des pièces détachées et en créant un indice de réparabilité.
On remarquera, sur ce point, que les appareils sont déjà conservés par leurs propriétaires, en moyenne, bien plus que les 4 années prévues entre 2 remboursements (les derniers chiffres Eurotrak en attestent).
- Privilégier les appareils rechargeables en faisant entrer cette catégorie dans la classe I.
C’est un levier important en France car notre production majoritairement nucléaire nous permet d’accéder à une électricité peu carbonée.
- Impliquer les complémentaires santé, les réseaux de soins et les enseignes dans la décarbonation, avec les industriels.
- Réduire le recours au fret aérien, en favorisant le transport maritime.
The Shift Project liste enfin des pistes d’action permettant de faire moins d’économies de carbone, mais tout de même intéressantes : disposer d’un boîtier de recharge des appareils universel (le gain serait aussi pratique, pour les audioprothésistes), développer l’économie circulaire des appareils en fin de vie (qui existe mais pourrait être beaucoup amplifiée) et réduire la fréquence de livraison des enseignes et/ou décarboner cet acheminement final.
Pour les implants cochléaires, qui sont dans la « famille » des dispositifs implantables, on retrouve certains leviers concernant le transport, la revalorisation ou le recyclage en fin de vie. Mais d’autres changements sont proposés comme : envisager une relocalisation pour la production de certains implants, notamment ceux représentant de gros volumes (défibrillateurs cardiaques), ou le choix de fournisseurs engagés dans une stratégie de décarbonation.