La publication au RNCP de la fiche “Assistant·e en audioprothèse” et la création du diplôme permettent l’émergence d’une nouvelle formation publique et reconnue par l’Etat. Éric Bavu, directeur des études au Centre de préparation au diplôme d’audioprothésiste (CPDA) du Cnam, à Paris, nous en dit plus.
Le Collège national d’audioprothèse souhaitait depuis plusieurs années la création d’une formation reconnue pour les assistant·es en audioprothèse. Elle devait permettre la clarification des compétences et la stabilisation d’un référentiel, dans le temps, grâce à une fiche RNCP. Le CPDA a été pilote dans cette réflexion en appui du CNA et avec le soutien du SDA, du Synea et du Synam.
Quand le cycle de préparation au diplôme va-t-il ouvrir ?
En septembre 2026. Ce calendrier vise à assurer des conditions optimales d’accueil pour la première promotion, mais aussi à laisser aux professionnels le temps nécessaire pour organiser le recrutement de leurs futur·es apprenti·es. En effet, la formation sera déployée sur un format d’alternance avec des possibilités de validation de l’expérience, au Cnam Paris pour la première promotion. Elle bénéficiera du plateau technique dédié à la formation des audioprothésistes opérée par le CPDA et de l’expérience de notre équipe, qui avait déjà été pilote pour la première formation d’audioprothésistes en France en 1957. La direction des études sera confiée à Jean-Baptiste Doc, maître de conférences au Cnam, qui enseigne à mes côtés depuis 10 ans.
Sera-t-il possible de préparer le diplôme hors de Paris ?
Plusieurs centres régionaux du Cnam nous ont déjà informés de leur intérêt pour un déploiement de la formation en région. A terme nous devrions voir apparaître des déclinaisons régionales, si les conditions sont réunies : corps enseignant qualifié et équipement technique notamment. Dans mon esprit, il était dès le départ naturel que nous fassions le travail de fond initial pour qu’ensuite d’autres établissements d’enseignement supérieur soient habilités à délivrer le diplôme, les autres écoles françaises préparant au DE d’audioprothèse en tête bien entendu. Et pour le DSP d’assistant·e, contrairement au DE qui est une profession réglementée, le processus d’ouverture sera plus simple (pas de numerus clausus bien évidemment).
Sur quelle durée se déroulera la préparation ?
Le format DSP est codifié et vise à fournir un niveau 4 de qualification, pour 60 crédits européens, contrairement aux formations courtes offertes par les acteurs privés jusqu’ici. Elle s’étendra donc sur une année universitaire, en alternance, et permettra d’acquérir ou de consolider une expérience acquise dans un cabinet d’audioprothèse. La moitié du temps sera consacrée à l’apprentissage en entreprise, l’autre moitié aux enseignements à l’école. Ce format est particulièrement pertinent pour le métier d’assistant·e en audioprothèse, qui exige une forte immersion dans le parcours de soin des patients et un lien fort avec l’audioprothésiste. Le volet « école » sera centré sur des mises en situation concrètes et des apprentissages orientés vers les compétences professionnelles, et l’obtention du diplôme sera associée à la soutenance orale d’un rapport d’expérience professionnelle, avec un tuteur enseignant et un tuteur « entreprise », qui sera naturellement l’un des audioprothésistes du centre ayant recruté en alternance.
Pour les assistant·es en poste, nous avons également prévu qu’une procédure de Validation des acquis de l’expérience (VAE) ou de Validation des études supérieures (VES) soient possibles. Elles permettront de ne surtout pas laisser de côté les assistant·es expérimentées qui voudraient valoriser leurs parcours par un diplôme qui, nous l’espérons, deviendra la norme avec le temps.
Y aura-t-il une sélection à l’entrée ?
Oui, en deux temps, puisqu’une formation en alternance implique une école et une entreprise. Nous tenons absolument à éviter d’avoir, à l’entrée, des apprenant·es qui n’auraient pas de contrat d’alternance ou de contrat de professionnalisation. Nous ferons d’abord appel aux enseignes et indépendants qui le souhaitent. Ils feront une sélection initiale. Une sélection par l’école sera ensuite réalisée afin de s’assurer que les candidat·es seront en mesure de valider la formation et de la valoriser sur le marché du travail.
Le nombre de places ouvertes pour cette première promotion reste encore à définir. Nous avons l’année 2025-2026 pour voir comment les audioprothésistes s’emparent de ce nouveau dispositif et quantifier ce volume. Après cette première année, je ne doute pas que d’autres centres de formation se lanceront dans l’aventure. Le maillage national fera le travail pour répondre à la demande et à la réalité du marché.
