L’audition des salariés des industries culturelles est-elle en danger ?

Publié le 03/09/2025

L’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (l’INRS a le statut d’association) vient de publier une analyse des risques auditifs encourus par les personnes qui travaillent dans les industries culturelles et créatives.

Ce travail de l’INRS, récemment publié, vient combler un manque : la prévalence des déficits auditifs dans les industries culturelles et créatives n’était pas formellement connue. L’institut s’est associé avec le service de prévention au travail Thalie Santé pour analyser les mesures audiométriques réalisées lors des rendez-vous de suivi de près de 63 200 travailleurs du secteur, entre 2000 et 2023 (âge moyen 38,5 ans). Leurs résultats ont ensuite été comparés à des cohortes (dont Constances), représentatives de la population générale.

L’audition des salariés des industries culturelles est-elle en danger ?

L’une des particularités de cette population est le cumul de plusieurs activités, qui est très répandu.

Dans l’échantillon de 63 191 personnes, 656 atteignaient le seuil de la surdité professionnelle, soit 1,04 %, avec une fréquence augmentant, logiquement, avec l’âge. La prévalence est de 8,4 % des hommes et 5 % des femmes de plus de 60 ans.

Sur l’ensemble des âges, les hommes ont 1,8 fois plus de risques d’être touchés par une surdité professionnelle. Ce décalage est décorrélé de l’âge.

L’audition des salariés des industries culturelles est-elle en danger ?

Les prévalences par métier sont calculées en référence au secteur de la post-production : c’est pour celui-ci qu’il y avait le plus grand nombre de données audiométriques disponibles.

De façon assez contre-intuitive les métiers du son font partie des moins touchés par les pertes auditives. Pour l’INRS, une piste d’explication est que « les déficits auditifs peuvent contraindre les travailleurs de ce secteur à interrompre leur carrière prématurément et à se réorienter vers des métiers ne nécessitant pas une parfaite acuité auditive ». Assez logiquement, en revanche, les activités qui touchent au décor, dont menuisier et métallier-serrurier, arrivent en 3ème position des professions les plus touchées. Les artistes, dont les musiciens et chanteurs, arrivent en tête.

Un sur-risque avéré

Parmi les travailleurs des industries culturelles et créatives, on trouve 18 fois plus de personnes présentant un déficit auditif léger qu’attendu en population générale et 33 fois plus de personnes ayant un déficit moyen entre 41 et 70 dB. Au total, 10 % de l’échantillon considéré présentent un degré de déficit auditif plus sévère que celui attendu pour une population du même âge non exposée au bruit. Les professions considérées s’éloignent des moyennes nationales à partir de 40 ans pour les hommes et 45 ans pour les femmes.

 

Source : Déficits auditifs dans les industries culturelles et créatives : analyse de 23 années de mesures audiométriques, T. Venet, B. Pouyatos, département Toxicologie et biométrologie de l’INRS.

Retour à la liste des articles

Les immanquables

Aller en haut