Condamnation exemplaire de Doctolib pour abus de position dominante

Publié le 07/11/2025

À la suite d’une plainte déposée par Cegedim Santé et d’une opération de visite et saisie menée en 2021, l’Autorité de la concurrence a prononcé une amende de 4,665 millions d’euros à l’encontre de Doctolib. L’entreprise a fait savoir qu’elle entendait contester cette décision en appel.

D’après l’Autorité de la concurrence, Doctolib aurait abusé de sa position dominante sur le marché des services de prise de rendez-vous médicaux en ligne (via Doctolib Patient) et des solutions technologiques permettant la réalisation de téléconsultations médicales (Doctolib Téléconsultation). Deux pratiques sont mises en cause. D’une part, l’imposition de clauses d’exclusivité dans les contrats d’abonnement, contraignant les abonnés à utiliser uniquement ses services, et l’obligation faite aux abonnés de Doctolib Téléconsultation de souscrire au préalable à Doctolib Patient. D’autre part, l’élimination de son principal concurrent, MonDocteur, par son rachat en juillet 2018, dans le but de verrouiller le marché national de la prise de rendez-vous médicaux en ligne et de renforcer sa position sur un secteur alors encore en développement.

Quelques heures après l’annonce de cette sanction, Doctolib a fait savoir sa décision de faire appel. « Conséquence d’une plainte vieille de 2019, cette décision présente une lecture erronée de notre activité, et de notre secteur », a déclaré l’entreprise, qui conteste être en situation dominante. « Malgré notre fort usage par le grand public, Doctolib est un acteur récent dans le secteur des logiciels pour les soignants (3 fois plus petit que nos concurrents européens) et n’équipe aujourd’hui que 30 % des soignants français (10 % en 2019 au moment de la plainte). La décision se fonde étonnamment sur l’acquisition par Doctolib d’une petite start-up (Mon Docteur) en 2018, qui équipait 2 % des soignants au moment du rachat. Cette opération de croissance externe visant à regrouper deux PME pour innover plus rapidement est d’une banalité absolue dans la vie d’une entreprise. »

L’éditeur considère également que cette décision remet en question l’articulation entre la téléconsultation et le reste du logiciel, qu’il juge essentielle au suivi des patients et au quotidien des soignants : « C’est cette connexion qui permet l’accès au dossier patient, le partage d’ordonnance et la facturation ». Enfin, concernant la clause d’exclusivité visée, Doctolib précise qu’elle remonte à 11 ans et qu’elle avait pour seul objectif d’éviter une mauvaise utilisation du logiciel par les professionnels de santé. « Nous sommes confiants et nous abordons sereinement la suite de la procédure, qui permettra d’obtenir une décision juste en appel », conclut l’entreprise.

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