Jean-Charles Ceccato, maître de conférences en audioprothèse à l’université de Montpellier, mandaté par le Pr Jean-Luc Puel, directeur d’Audiocampus, a fait un point précis à l’EPU, sur la nécessité d’une réingénierie du diplôme, en fonction d’impératifs de contenus, mais aussi du profil des étudiant·es issu·es de Parcoursup.
L’urgente nécessité d’une réingénierie du diplôme ne fait pas débat au sein de la profession. Si elle ne se fait pas, c’est parce que le « temps politique » n’est pas synchrone avec les besoins concrets de la filière.
Des écoles qui avancent ensemble
Plusieurs évènements récents ont, de plus, rallongé le processus : préparation d’un décret de compétences, qui viendrait avant la refonte de la formation, bilan de l’expérimentation de la Licence Santé à Cahors… Parallèlement, les écoles d’audioprothèse doivent régulièrement présenter leurs maquettes à l’évaluation du Haut conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur*, par vagues suivant le calendrier fixé par cette institution. Les 4 écoles concernées en 2026, Montpellier, Cahors, Lyon et Clermont, vont travailler ensemble pour intégrer dans leurs maquettes des éléments communs, cohérents avec une potentielle future réingénierie. Cette co-construction vise à la fois à moderniser les programmes d’enseignement et à éviter d’avoir à les refaire intégralement si une réforme du diplôme était adoptée prochainement.
Les étudiant·es ont changé
Jean-Charles Ceccato a également présenté des données récentes sur les étudiant·es. Le nombre de places en 1ère année a plus que doublé depuis 2001 (+ 53 % depuis 2018), notamment grâce à l’ouverture de 4 nouvelles écoles depuis 2019. La multiplication des écoles ces dernières années a induit une forme de divergence entre les enseignements dispensés en audioprothèse sur le territoire, chaque université ayant des approches plus ou moins approfondies selon les matières.
En outre, le profil des étudiants n’est plus le même depuis que la sélection se fait par l’intermédiaire de Parcoursup et sans concours. Alors que le passage par une classe préparatoire était extrêmement répandu, il a complètement disparu et la proportion de bacheliers qui entre directement en école d’audioprothèse augmente chaque année : 42 % en 2024. Elle est quasiment équivalente à celle des étudiant·es qui viennent d’une autre formation supérieure. Celle des personnes qui étaient en activité précédemment (donc les reconversions) ou viennent de l’étranger est aussi en hausse : +5 points sur 5 ans.
Toutes ces évolutions plaident évidemment en faveur d’une réingénierie du diplôme, tout comme l’impératif d’augmenter le volume horaire pour que le DE devienne une licence à part entière et s’intègre dans le système LMD. On le rappelle, à terme, il s’agira de faire émerger des cohortes d’enseignants-chercheurs en audioprothèse, dans le cadre d’une filière universitaire complète et dédiée.
*Le Hcéres mène ses évaluations par campagnes géographiques quinquennales. La « vague A » comprend les établissements des régions Auvergne-Rhône-Alpes et Occitanie.

