Le Syndicat des audioprothésistes réagit fermement contre l’hypothèse, avancée par plusieurs grands organismes publics, d’une baisse des tarifs en audio pour réaliser des économies.
Tant le rapport Charges et produits de l’Assurance maladie que celui des 3 hauts conseils (Haut conseil pour l’avenir de l’assurance maladie, HCAAM, Haut conseil du financement de la protection sociale, HCFiPS, et le Haut conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge, HCFEA) envisagent une baisse des tarifs en audioprothèse, entre autres mesures d’économies.
Préserver l’accès aux soins auditifs sans reste à charge
Le SDA argumente vivement contre cette éventualité, en utilisant différents points également relevés par les hauts conseils : l’accessibilité aux soins auditifs permise par la réforme, la hausse du taux d’équipement, la baisse des prix… Il rappelle également que si la clause de volume, contenue dans l’accord sur le 100 % santé signé par toutes les parties prenantes en 2018, n’a pas été activée jusqu’à présent, c’est en raison de la très forte inflation des années 2022 et 2023. « Appliquer aujourd’hui cette baisse du PLV serait particulièrement pénalisant pour les professionnels installés dans des quartiers peu favorisés, qui ont un taux important de patients choisissant le panier 100 % santé. Le SDA considère la mesure injuste au vu des efforts réalisés par la profession depuis la mise en place de la réforme et de ses excellents résultats », explique le syndicat. Il souligne également la supériorité du modèle français par rapport à d’autres en Europe et au-delà, tant en termes de choix offerts aux patients que de faibles délais d’attente (comme l’a relevé l’Irdes).
Ne pas affaiblir les indépendants
Partageant les inquiétudes de l’Assurance maladie concernant les risques d’une financiarisation de la filière auditive, le SDA réfute l’idée que l’audioprothèse figurerait parmi les secteurs « à rentes économiques ». Et il explique que le ratio EBE/CA de 15,8 % en 2022, retenu par l’Assurance maladie, n’est que le reflet de la montée en charge, exceptionnelle, du 100 % santé, et qu’il induit une surestimation de la performance des entreprises. Le SDA souligne à cet égard les recrutements effectués dans les années suivantes pour absorber la hausse du nombre de patients et leurs suivis. Il ajoute que des difficultés économiques ont été constatées en 2024 et conclut : « une décision hâtive risquerait d’affaiblir les structures indépendantes au seul profit de grands groupes disposant d’économies d’échelle possibles ».
Lutter contre la fraude, renforcer la régulation du secteur
Pour réaliser des économies, le Syndicat des audioprothésistes vise d’abord la fraude. Il s’accorde tant avec les 3 hauts conseils qu’avec l’Assurance maladie sur une plus forte régulation de la publicité, et prône aussi l’encadrement des installations et le conventionnement direct entre l’audioprothésiste et l’AMO. Enfin, il rappelle l’importance des coûts évités grâce à l’appareillage auditif et juge que « toute baisse tarifaire qui pénaliserait l’observance et/ou le taux d’équipement aurait un coût disproportionné par rapport à l’économie de court terme réalisée ».
Appelant de ses vœux une actualisation des données sur la rentabilité des centres auditifs, le SDA « réaffirme sa disponibilité pour construire, avec l’Assurance maladie et le gouvernement, des solutions garantissant à la fois soutenabilité financière, qualité des soins et équité territoriale ».