L’Ouïe Magazine n°142 – Octobre 2025

Edito

Un peu de répit ?

ans un contexte de forte instabilité politique (à l’heure où nous bouclons ce magazine, le gouvernement du Premier ministre Sébastien Lecornu n’a toujours pas été constitué), la santé fait l’objet de flottements, comme de nombreux autres dossiers. Pour l’heure, le nouveau chef de l’exécutif a juste promis une offre de soins à 30 minutes de chaque Français, grâce à la création d’un réseau de 5 000 maisons « France Santé », sans préciser le coût d’une telle mesure, ni revenir sur les velléités de son prédécesseur François Bayrou (qui souhaitait réaliser 5 milliards d’euros d’économies annuelles sur la santé). Les projets de réformes, qui étaient présentés comme imminents, sont à l’arrêt. Et ce coup de frein ressemble, pour l’audioprothèse, à une respiration bienvenue.

« La mise en suspens des projets de réformes offre du temps pour mesurer pleinement les effets du 100 % santé. »

En laissant un temps de pause, les pouvoirs publics offrent à la profession un peu de stabilité et du recul, notamment pour mesurer les effets du 100 % santé à l’issue d’un cycle complet de renouvellements. Ce temps mort politique nous fait peut-être aussi gagner du temps sur des pistes inquiétantes : la baisse des prix limites de vente en classe I, l’éventuel encadrement des marges, voire la dissociation équipement/suivi qui revient régulièrement dans les débats.

Ce gel des réformes est l’opportunité de rappeler toujours plus que votre métier n’est pas une variable d’ajustement budgétaire, mais une profession de santé essentielle. Que les marges ne doivent pas être considérées comme des rentes, car elles financent l’adaptation et le suivi des aides auditives, indispensables au succès de tout appareillage. Et que sans équilibre et croissance économiques, le maillage territorial et la proximité chers à notre gouvernement seront pénalisés.

Espérons donc que cet espace de flottement aide à objectiver les débats et laisse le temps aux réformes d’être mieux préparées, en lien avec la profession. A l’inverse de ce qui a été fait pour la RBEU (remise en bon état d’usage), qui mérite d’être repensée avant toute mise en œuvre (voir notre Focus page 18).