Publié le 02/12/2016

Le 1er décembre, le groupement a invité ses adhérents à une conférence de l’économiste Frédéric Bizard, enseignant à Sciences Po et expert en protection sociale auprès du Sénat, venu exposer ses arguments en faveur de la suppression des réseaux de soins.

 

« Le seul moyen d’améliorer la prise en charge des patients réside dans l’innovation, l’amélioration des compétences des professionnels de santé. Or, le système des réseaux de soins est un frein à l’innovation », a affirmé en préambule Frédéric Bizard devant un parterre de quelque 70 audioprothésistes. L’économiste explique ainsi que les hausses de volumes promises par les plateformes ont leurs limites et que la garantie de la qualité qu’elles mettent en avant n’est qu’une « vaste blague », en pointant du doigt leur absence d’expertise médicale. Dans une logique de mainmise progressive, il assure que « le réseau a vocation à devenir un acheteur de soins » et deviendra un jour le fournisseur des aides auditives vendues par ses audioprothésistes partenaires, passant ainsi de la maîtrise des prix à la maîtrise du protocole. Pour Frédéric Bizard, les plateformes considèrent que la santé est une marchandise comme une autre et oublient qu’elle implique une délégation de confiance du patient au professionnel. « Avec les réseaux, cette délégation de confiance est transférée à l’assureur », regrette-t-il. Le spécialiste dénonce également « leur course au gigantisme » pour rallier au fil du temps un nombre croissant de complémentaires santé et de bénéficiaires, afin de peser davantage sur les professionnels de santé. « Le processus d’effort et de baisse des prix ne cesse jamais », prévient-il, en rappelant en outre que « les accusations de prix élevés sont infondées ».

 

Frédéric Bizard conseille de sortir des réseaux

Croissance continue des tarifs des cotisations, absence d’impact sur les renoncements aux soins, hostilité croissante des professionnels de santé… : l’économiste dresse un sombre bilan du développement de ces dispositifs. Il plaide ainsi pour leur suppression, en avançant cinq raisons principales : ce système est contraire à une gestion efficace du risque santé au XXIème siècle, affaiblit la liberté de choix des patients (« seuls ceux qui ont les moyens restent libres »), remet en cause l’indépendance professionnelle des soignants (« qui est une condition de l’égalité de prise en charge entre les citoyens »), engendre une médecine à deux vitesses et est contraire aux principes mutualistes. Frédéric Bizard évoque plusieurs moyens de lutte : la voie judiciaire (qui est cependant « longue et coûteuse »), la voie législative (« à inclure dans le cadre d’une réforme globale du système de santé ») et la voie individuelle -la plus facile à mettre en œuvre dès maintenant- qui se traduit par une sortie des conventionnements. « Sans professionnels de santé, pas de réseaux », justifie-t-il, en ajoutant que « plus la sortie est tardive, plus les coûts seront élevés ». Il se veut par ailleurs rassurant et explique que « le risque de sortie des réseaux est largement surestimé ». Eric Bizaguet, co-fondateur de Dyapason et président d’honneur du CNA, a opté pour cette solution : « Je réfléchit aux Ocam depuis 20 ans. Le loup est en train de rentrer dans la bergerie et le fait pour son intérêt personnel. Je n’aime pas l’organisation des réseaux de soins, leur manque de transparence, leur manque de considération… J’ai décidé de les quitter », a-t-il annoncé.

 

Notons que Frédéric Bizard a rédigé une contre-analyse au récent rapport Asteres pro-réseaux commandité par L’Observatoire des restes à charge. Intitulée “Le vrai visage des réseaux de soins”, l’économiste y démonte point par point tous les arguments tenus en faveur de ce système. Ce contre-rapport sera transmis à tous les candidats à l’élection présidentielle. « Les réseaux de soins sont un vrai tournant qui nécessite au moins un débat démocratique pour évoluer vers un autre système de santé », souligne-t-il.

 

 

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