Publié le 06/12/2018

 

En cette année d’adoption du ‘‘100 % santé’’, Luis Godinho, président de l’Unsaf, est venu sur la scène de l’EPU dresser le bilan des actions menées par le syndicat et répondre, avec François Le Her, président du CNA, et Eric Bizaguet, secrétaire général, aux questions des audioprothésistes.

 

Luis Godinho a fait la rituelle rétrospective des travaux de l’Unsaf. « En 2012, on était à la croisée des chemins, notre activité avait des répercussions majeures en santé publique et on n’allait plus pouvoir « vivre cachés » car avec le vieillissement de la population, les problèmes d’audition allaient concerner de plus en plus de monde », a-t-il rappelé avant de balayer la « reconquête de l’opinion et des pouvoirs publics » opérée depuis 2013. Il a identifié un point de bascule à partir de 2016 – « nous ne sommes plus une profession qui sent le soufre mais un secteur mal remboursé » – et estimé qu’après des années d’« audio-bashing », « nous pouvons être fiers des bénéfices que nous apportons à 2,2 millions de personnes appareillées ». Le président du syndicat a de nouveau salué l’adoption du ‘‘100 % santé’’, soulignant le rôle essentiel joué par Audition mutualiste et Marc Greco dans les négociations: « Nous avons obtenu une réforme historique, on change de métier ». Il a évoqué avec sérénité plusieurs grands sujets, qui traversent la profession : le numerus clausus (le nombre de professionnels doit augmenter pour faire face à la hausse prévisible de la demande), les low-costers (« A partir de 2021, tous les professionnels sans exception feront le reste à charge zéro… Ce sera difficile de faire moins cher que zéro ! ») et la menace de la dissociation, clairement écartée par le nouveau projet de devis normalisé dans lequel un unique prix appareil-prestation est mentionné.

 

Prendre le virage du RAC 0

 

Exhortant le public de l’EPU à regarder l’avenir avec optimisme, Luis Godinho n’a cependant pas nié que les deux années de transition avant la pleine entrée en vigueur du ‘‘100 % santé’’ pouvaient susciter des craintes. Celles-ci n’ont pas manqué de s’exprimer, à commencer par la question de la distinction entre les classes 1 et 2 et la proportion qu’elles représenteront à terme dans l’activité d’un centre. « On aurait souhaité en effet qu’il y ait une vraie différence entre la classe 1 et la classe 2 et l’on peut craindre que les fabricants rapprochent trop cette classe 1 d’un haut niveau ; ce sont les négociations avec eux qui doivent nous permettre d’avancer », a indiqué Eric Bizaguet. « Nous avons accepté de faire un effort dans le cadre du ”100 % santé” parce que nous ne le ferons pas sur 100 % de la population, a ajouté Luis Godinho. Il faut qu’il y ait une séparation nette entre classe 1 et classe 2, faute de quoi nous ferons face à un péril économique majeur. Les fabricants doivent en avoir conscience. » François Le Her, pour sa part, a insisté sur la notion du temps passé par l’audioprothésiste: « si un fabricant décide de proposer un appareil pour lequel on va avoir beaucoup plus de travail parce que c’est un produit plus sophistiqué, c’est une sorte de trahison », au regard des engagements tarifaires pris par la profession.

Le président de l’Unsaf a par ailleurs révélé qu’une revalorisation du forfait CMU avait été négociée avec un passage à 800 € en 2019 et une clause de revoyure pour les années suivantes, puisque la catégorie CMUC est vouée à s’intégrer à la classe 1.

 

Questions en suspens

 

Sur nombre de questions pratiques, les représentants de la profession n’ont pas été en mesure de donner des réponses définitives, les négociations avec la direction de la Sécurité sociale se poursuivant : comment s’assurer qu’un patient n’a pas été renouvelé il y a moins de 4 ans avant de l’appareiller ? Quelle sera la validité des prescriptions faites en 2019 par les généralistes n’ayant pas suivi le cursus requis par la nouvelle règlementation ?..

Concernant l’évolution du remboursement par les complémentaires, les mutuelles elles-mêmes n’ont pas encore apporté d’éléments. « Elles n’ont aucune obligation de bouger, elles se sont engagées pour 2021 pour tous les appareils de classe 1 ; on ne sait pas ce qu’elles vont faire ni quand, a déclaré Luis Godinho. Les contrats d’entrée de gamme des mutuelles seront potentiellement des trappes à RAC 0, si les complémentaires ne font pas l’effort de mettre le remboursement de la classe 2 au niveau de la classe 1.  Les audioprothésistes indépendants doivent donc être prudents dans leurs calculs et ne pas se dire que la classe 1 ne représentera pas plus de 20 % de leurs ventes. » Présent dans la salle, Marc Greco, le président du syndicat national de l’audition mutualiste (Synam) a cependant précisé qu’à ce stade, « l’engagement des complémentaires pour 2019, c’est le ticket modérateur ».

 

Des perspectives encourageantes

 

Satisfait que le ‘‘100 % santé’’ affaiblisse de facto les réseaux de soins, Luis Godinho envisage pour l’avenir de « nouvelles relations avec les complémentaires, avec un conventionnement non plus individuel mais négocié par le syndicat. Et bien sûr, nous négocierons un remboursement contre un prix limite de vente, comme nous l’avons fait avec la direction de la Sécurité sociale et le ministère ». En accord avec Marc Greco, il a estimé que si la négociation s’engageait avec les plateformes les plus vertueuses, il serait possible de tirer les moins vertueuses vers des conditions acceptables. « C’est important de voir que nous sommes nombreux, forts, a affirmé Luis Godinho. Sans les audioprothésistes, il n’y a pas d’audioprothèse. On vient de loin, on a beaucoup travaillé, on a réussi. »

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