Publié le 29/05/2019

Selon l’actuaire Anne Marion, directrice et fondatrice du cabinet Actuarielles, une prise en charge à 100 % annonce une accélération des désengagements pour les années à venir.

Dans une tribune publiée le 28 mai sur Newsassurancepro.com, Anne Marion explique d’emblée que, « si l’idée d’un reste à charge nul se veut sociale pour éviter le renoncement aux soins, les chiffres démontrent que cette mesure n’est pas suffisante ». Elle cite en exemple les soins dentaires : malgré l’absence de reste à charge sur ces actes, seulement 35 % des actifs consultent un dentiste au moins une fois par an, affirme-t-elle. L’actuaire indique par ailleurs que la réforme du 100 % santé ne concerne que l’optique, l’audioprothèse et le dentaire, alors même que le poste clé en assurance complémentaire santé reste l’hospitalisation, qui laisse également 3 milliards d’euros de reste à charge aux Français. Anne Marion souligne aussi que « la prévoyance lourde est la grande oubliée du législateur », car un salarié couvert par une complémentaire santé mais sans complément de revenu lié à une garantie prévoyance renoncera probablement aux soins, notamment ceux qui présentent des dépassements d’honoraires.

Ainsi, selon la spécialiste, « les pouvoirs publics, tout en affichant une réglementation prévoyant une couverture sans reste à charge, devraient pouvoir accélérer les désengagements de l’Assurance Maladie ». En effet, à partir du moment où le contrat responsable oblige à prendre en charge le ticket modérateur sur tous les soins, il facilite de fait les modifications des bases ou des taux de remboursements du régime obligatoire. « L’équilibre affiché du régime de base n’est donc que temporaire : l’Assurance maladie obligatoire ne peut que se désengager (il faut bien assumer la transition démographique). Ainsi, une prise en charge à 100 % annonce une accélération des désengagements pour les années à venir », analyse Anne Marion. Elle pronostique un développement des souscriptions à des contrats minimalistes couvrant seulement l’hospitalisation, la pharmacie et les consultations avec des franchises : « Ensuite, l’adhésion au 100% santé se ferait uniquement au moment des soins. Ainsi, les complémentaires, qui majoritairement pratiquent des paniers standards intégrant le 100% santé, risquent fort de ne plus attirer que les mauvais risques… »

Dans ce contexte, la vraie problématique résidera non pas dans la résiliation à tout moment des Ocam mais dans l’impossibilité de refuser l’adhésion à un 100 % santé, « laquelle conduirait à la démutualisation ». Sachant que le coût d’acquisition d’un nouveau client coûte en moyenne 400 €, « comment laisser croire que la résiliation à tout moment fera baisser les tarifs des complémentaires santé ? », conclut l’actuaire.

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