Publié le 03/12/2019

Jalon incontournable dans la vie de la profession, la réunion d’information commune Unsaf-CNA s’est tenue, vendredi 29 novembre. Luis Godinho était aux côtés de François Le Her, président du CNA et d’Éric Bizaguet, secrétaire général, sur la scène de l’Enseignement post-universitaire.

« Quand j’étais jeune audioprothésiste, être adhérent au syndicat était une sorte d’honorabilité, à l’approche de la retraite, s’est souvenu Luis Godinho, en ouverture de la réunion d’information commune Unsaf-CNA. Aujourd’hui, c’est toute autre chose ! » Le président du syndicat est revenu sur les opérations conduites ces dernières années pour mettre en valeur le métier d’audioprothésiste. Il a rappelé le rôle central du syndicat dans l’émergence sur la scène publique de la thématique du reste à charge, dès 2013. En se faisant connaître auprès de parlementaires, comme Olivier Véran, en publiant une charte des bonnes pratiques en 2016, en s’engageant dans des actions interprofessionnelles, au sein du Centre national des professions libérales de santé (CNPS), l’Unsaf a fait en sorte de s’imposer dans les dossiers de santé publique. L’organisation professionnelle a beaucoup contribué à faire connaître les études universitaires pointant le lien entre déficit auditif non compensé et déclin cognitif. Elle a aussi mobilisé des chercheurs pour donner un éclairage sociologique sur le métier d’audioprothésiste. Luis Godinho a souligné avec force le volontarisme du syndicat dans les négociations du 100 % santé et notamment pour obtenir que le remboursement des aides auditives par l’Assurance maladie se monte à 950 € par appareil, en 2021.

 

 

« L’attentisme se manifeste particulièrement chez les personnes les plus modestes »

 

Depuis le début de cette année, l’Unsaf a fait œuvre de pédagogie sur le 100 % santé dans les médias et s’est fait l’écho, auprès des pouvoirs publics, de l’attentisme constaté sur le terrain. Les données de l’Assurance maladie à fin septembre montrent qu’en audioprothèse, les volumes sont en progression de 3 à 4 % vs 7 à 8 % de progression habituelle, compte tenu du vieillissement de la population. « Pour l’instant, nous ne sommes pas encore au niveau des objectifs donnés par les pouvoirs publics, à savoir 20 % d’appareils en classe 1, a relevé Luis Godinho. Au début de l’année, on était à 10-11 %, à fin septembre à 13 %. Nous pensons que beaucoup de gens viendront, en 2021, pour ce panier sans reste à charge. Actuellement, l’attentisme se manifeste particulièrement chez les personnes les plus modestes. »

 

 

Contre les réseaux, pour le tiers payant

 

Par ailleurs, l’Unsaf s’est, encore cette année, positionnée contre certaines pratiques en matière de communication et promotions, tirant trop la profession du côté commercial à ses yeux. Luis Godinho a aussi réaffirmé sa défiance à l’égard des réseaux de soins, déplorant l’accord signé par le Synam, le Synea et Kalixia avant l’été. Le syndicat des audioprothésistes s’inscrit dans la démarche portée par le CNPS en faveur d’une révision de la loi Le Roux, dans la perspective de 2021. Malgré cette divergence de vues, toutes les organisations représentatives de la profession continuent à dialoguer et étaient en réunion ensemble à la direction de la Sécurité sociale le 5 novembre dernier. Enfin, le syndicat des audioprothésistes a avancé, avec d’autres professionnels de santé dont des médecins, sur la question du tiers payant, proposant une solution (Paymed) permettant de recevoir en un seul flux les remboursements de l’Assurance maladie et des complémentaires, que ce soit pour la classe I ou la classe II. « Le 12 novembre, nous avons été reçus conjointement au cabinet de la ministre de la Santé et une réunion inter-AMC est prévue courant décembre, a précisé Luis Godinho. Rien n’est encore fait, mais nous avons plus avancé sur ce sujet en quelques semaines dans ce cadre interprofessionnel que durant les 5 années précédentes. » Il a par ailleurs encouragé tous les audioprothésistes qui le peuvent techniquement à télétransmettre à l’Assurance maladie les rendez-vous de suivi : « nous avons suffisamment plaidé pour le forfait de 4 ans, il est extrêmement important de montrer que nous revoyons effectivement nos patients. Commencez à leur demander d’apporter leur carte vitale ! ».

 

Luis Godinho a valorisé toutes ces actions en insistant sur l’indépendance de son syndicat, qui a pu communiquer librement sur nombre de sujets (79 communiqués publiés à ce jour) : « nous avons aujourd’hui 924 adhérents, chiffre proche des 1 000 que nous espérions il y a quelques années, nous avons une légitimité, mais aussi un poids économique ; les audioprothésistes maîtres de leur destin représentent 60 % de la profession ». Dès janvier 2020, l’adhésion sera possible en ligne, avec paiement de la cotisation par carte bancaire.

 

 

réunion commune Unsaf CNA

Eric Bizaguet, François Le Her et Luis Godinho pendant la séance de questions de la réunion commune Unsaf-CNA.

 

 

Formations sous haute surveillance

 

Parmi les questions soulevées par la salle lors de la réunion commune Unsaf-CNA, celle des conditions dans lesquelles les jeunes diplômés à l’étranger peuvent exercer en France est, comme chaque année, revenue. Pour Luis Godinho, l’afflux de demandes d’exercice en France est « une conséquence de mauvaises pratiques et non une cause : la tendance à sur-mailler le territoire, venue de l’optique, n’a pas de sens en terme de santé publique » ajoutant que sur ce sujet comme sur d’autres : « c’est en interprofessionnel qu’on a une chance de faire bouger les choses ». Pour l’heure, François Le Her a indiqué que lui-même et Benoît Roy siègent, au titre du CNA, dans les commissions DRJSCS qui examinent les demandes d’autorisation d’exercice pour les professionnels de santé diplômés hors de France. Le candidat a le choix des mesures compensatoires qu’il souhaite se voir appliquer : examen d’aptitude ou stages. Pour les diplômés en audioprothèse venant d’Espagne, l’usage a fixé leur durée à 42 semaines. « Nous allons au-devant d’un gros problème de pénurie de stages de qualité, a affirmé François Le Her. On a actuellement 282 étudiants audioprothésistes en France et, d’après les chiffres qui me sont remontés des différentes structures espagnoles, il y aurait 180 Français inscrits en formation là-bas : il n’y a aura pas assez de stages ou, en tous les cas, pas assez de bons stages. C’est pourquoi nous envisageons de mettre en place l’année prochaine, avec la Fnea, une cellule de mise en relation des étudiants et des maîtres de stages, pendant l’EPU. »

 

Les réflexions et débats sur la durée des études, les pratiques avancées et le contenu théorique de la formation se poursuivent, mais actuellement, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche ne fait la réingénierie d’aucune profession paramédicale. « Nous souhaitons, avant tout, que toutes les formations proposées en France soient de qualité et, plus particulièrement, que les travaux pratiques se fassent bien en groupes réduits de 5 à 7 étudiants », a ajouté le président du CNA. Des solutions sont envisagées au sein de la commission Éducation du Collège pour valoriser les « bonnes » formations, et notamment la création d’un Certificat de qualification professionnel, comme en optique, auquel les audioprothésistes pourraient s’inscrire après obtention de leur diplôme d’État. Ils pourraient ainsi afficher leur score CQP auprès des employeurs.

 

« En janvier 2020, nous allons commencer la négociation sur le tiers payant avec l’Assurance maladie et celle-ci n’a aucune envie de rembourser les actes de gens qui ne respecteraient pas les règles, a affirmé Luis Godinho en conclusion. Nous sommes en train de voir si nous pourrions, par ce biais, bien identifier les acteurs qui suivent les patients, les reçoivent, où ils ont été formés, s’ils sont diplômés… »

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