Publié le 08/01/2020

La ministre de la santé, Agnès Buzyn, a enchaîné ce matin les rendez-vous avec une audioprothésiste, une dentiste et un opticien du réseau Ecouter Voir, dans le IIe arrondissement de Paris.

Souhaitant organiser un déplacement sur le thème du 100 % santé, le ministère a sollicité le réseau Ecouter Voir car il est en capacité d’organiser, sur un même lieu, des rencontres avec des professionnels des trois secteurs. Agnès Buzyn s’est donc rendue dans un centre mutualiste parisien, en compagnie de Thierry Beaudet, président de la Mutualité française et d’Albert Lautman, directeur général de la fédération de la mutualité française. Elle a d’abord fait la visite du centre auditif flambant neuf (auparavant intégré au magasin d’optique, il a été recréé à proximité et comprend désormais 2 cabines) avec Salomé Chemla. « Le 100 % santé est une très bonne réforme, qui assure une meilleure accessibilité pour les patients qui n’ont pas beaucoup de moyens, a affirmé la jeune audioprothésiste, diplômée de l’école de Lyon en 2017. On se félicite que la prise en charge par la sécurité sociale augmente. Néanmoins, il existe toujours des freins psychologiques à l’appareillage, qui souffre d’une image liée au vieillissement. »

 

Tolérance sur la primo-prescription par les généralistes

 

Agnès Buzyn a fait le tour de la cabine, du showroom, de l’atelier, s’intéressant aux accessoires, aux catégories d’appareils… « Les appareils de classe I ne sont pas bas de gamme », lui a précisé l’audioprothésiste. Abordant la question de la prescription, la ministre a donné l’occasion à Mathilde Lignot-Leloup, directrice de la sécurité sociale, d’apporter une précision sur la primo-prescription par les généralistes : « les formations n’étant pas disponibles, nous avons décidé d’une tolérance, jusqu’à l’été ». Les aides auditives prescrites par des médecins non-spécialistes sont donc pour l’heure toujours prises en charge.

 

Communication et publicité : sujets à suivre

 

Salomé Chemla a voulu porter un message important auprès de la ministre : « la communication et la publicité devraient être mieux encadrées. Par exemple, une publicité sur le fait d’offrir un iPhone pour l’achat d’appareils auditifs donne une mauvaise image de notre profession, cela crée la fausse impression que ce que nous faisons est simple, en gommant toute l’adaptation et le suivi. Il faudrait des règles équivalentes à celles d’autres professions de santé, les kinés par exemple, en suivant les recommandations* du Conseil d’Etat de juin 2018 ». Agnès Buzyn a marqué son intérêt pour cette question : « il faut que je regarde exactement la législation, on ne devrait pas pouvoir faire n’importe quelle publicité concernant des dispositifs médicaux… Mais la réglementation européenne est en train de changer sur ce point ».

 

« Une offre de qualité »

 

Au terme de ses rencontres avec l’audioprothésiste, la dentiste et l’opticien, l’élue a eu quelques mots de conclusion : « il faut que les Français s’emparent de cette réforme et viennent vous voir ! De ce que j’entends, il y a des réticences autres que financières : la question de l’esthétique et du handicap pour les prothèses auditives, la peur du dentiste… Les patients ont accès sans reste à charge à une offre équivalente à celle proposée en dehors du 100 % santé. C’est une offre de qualité : avant même de concevoir la réforme elle-même nous avons réfléchi sur les soins qui devaient nécessairement figurer dans le panier sans reste à charge ». Agnès Buzyn a rappelé que le coût de la mesure, 1 Md€ dont les ¾  sont supportés par l’assurance maladie et ¼ par le secteur assurantiel, avait été calculé en se basant sur un taux de recours de 20 % au panier 100 % santé. « En audio, pour l’instant, nous sommes à moins de 10 % car les prix dans notre enseigne sont en-dessous de ceux du marché, a indiqué Véronique Bazillaud, directrice des affaires publiques d’Ecouter Voir. En effet, le réseau mutualiste a toujours cherché à favoriser l’accès aux équipements. Mais quand le 100 % santé sera pleinement appliqué à l’audioprothèse, dans 1 an, on s’attend à avoir une augmentation importante du taux de recours. »

 

 

 

* La proposition n°6 de cette étude du Conseil d’Etat consiste à « imposer, par des dispositions expresses, que la communication du professionnel de santé soit loyale, honnête et ne fasse état que de données confirmées, que ses messages, diffusés avec tact et mesure, ne puissent être trompeurs, ni utiliser des procédés comparatifs, ni faire état de témoignages de tiers ».

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