Publié le 24/02/2022

Rebondissant sur la publication du rapport de la mission Igas-IGÉSR, Luis Godinho a présenté ce matin en visioconférence de presse les propositions du syndicat qu’il préside, pour prolonger le succès de la réforme et protéger une patientèle âgée.

Le président du Syndicat des audioprothésistes a commencé par contextualiser à la fois l’adoption de la réforme 100 % santé en audiologie et la publication du rapport de l’Igas : enjeux de santé publique par rapport à la perte d’autonomie (reconnus dans des publications internationales), retour sur investissement possible pour l’Assurance maladie…

Les chiffres du succès quantitatif de la réforme

 

780 400 personnes appareillées en 2021

+ 72 % par rapport à 2019

Nombre de bénéficiaires de la classe I multiplié par 4 en 2 ans

39,5 % des appareils délivrés sont en classe I

1 499 300 aides auditives délivrées en 2021

Des remboursements en hausse de 142 % entre 2019 et 2021

Source : Assurance maladie

Luis Godinho a également reprécisé les principales données concernant l’épidémiologie du déficit auditif et la surreprésentation des personnes âgées : 3 quarts des personnes ayant bénéficié d’un remboursement pour des aides auditives en 2015 avaient plus de 65 ans, 53 % plus de 75 ans. Partant de ces constats, le SDA avance plusieurs analyses et propositions.

« Les audioprothésistes sont mal classés »

Du fait de leur rôle dans la réussite de l’appareillage et l’observance, directement liée au suivi, les audioprothésistes sont plus des « prestataires de services » que des commerçants : « ce que nous vendons, c’est du temps », par opposition aux opticiens, « vendeurs de verres correcteurs ». Il faudrait un « repositionnement de la profession d’audioprothésiste dans le champ des métiers de la rééducation plutôt que dans celui de l’appareillage », estime le SDA. Il souligne que « les audioprothésistes relèvent déjà d’une sous-section du Conseil national des universités (…) : “Personnels enseignants-chercheurs des disciplines des sciences de la rééducation et de réadaptation” ».

Des « indices de surappareillage » pointés par le SDA

Ce risque, pointé par le SDA et retenu par la mission Igas-IGÉSR dans son rapport (sans pour autant donner lieu à une recommandation précise) se matérialise dans le fait qu’en 2021 les fabricants ont vendu 1,69 million d’aides auditives en France (67 millions d’habitants), plus qu’en Allemagne (1,54 million pour 83 millions d’habitants) ; par rapport à la tendance 2019, le SDA identifie un surnombre de 37 500 appareils délivrés, dans les données de l’Assurance maladie.

Autre « indice de surappareillage », selon le SDA, la très forte progression du taux de binauralité : 87,9 % au 1er semestre 2021 vs 75 % avant la réforme (données Cnam citées dans le rapport Igas), des taux supérieurs à ceux constatés dans les autres pays européens.

Une charge contre la publicité et « une partie du secteur de l’optique »

Luis Godinho a salué le fait que la mission Igas ait retenu l’existence de publicités « excessives » et a montré quelques exemples de cette « folie de promotions qui viennent pour beaucoup d’une partie du secteur de l’optique : 4 sur les 5 mentionnées ». « C’est la 1ère fois qu’on voit un équipement offert pour la Saint-Valentin », a-t-il déploré. A nouveau, le président du SDA a souligné les distinctions entre les deux filières, la spécificité des audioprothésistes – choix de l’équipement (qui ne dépend pas du prescripteur) – et de leur patientèle bien plus âgée en moyenne et potentiellement plus fragile que celle des opticiens. « Les mauvaises pratiques dans le secteur de l’optique sont notoires et dénoncées y compris par les syndicats d’opticiens à l’exemple du Rassemblement des opticiens de France (Rof) », indique le SDA. Il ajoute cependant que les acteurs qui font « n’importe quoi » sont « une minorité ».

Pour pérenniser le succès du 100 %, le SDA pose ses conditions et charge l’optique
Les mauvaises pratiques publicitaires génèreraient aujourd’hui entre 5 et 10 % de prestations inutiles en audioprothèse, selon le SDA.

Autre sujet sur lequel le secteur optique est présenté comme repoussoir : le nombre de points de vente et le surmaillage du territoire. Pour le SDA, ce risque existe en audio car même si la réforme a induit une très forte hausse des ventes, celle-ci n’a pas été homogène sur le territoire : « A Paris, Lyon, Marseille, les audioprothésistes n’ont pas vu passer la vague du 100 % santé, tandis que dans de petites villes l’activité a progressé de plus de 100 % ».

Des prises de position aux propositions

 

  •  Une enquête démographique de l’ONDPS avant toute augmentation du nombre d’audioprothésistes formés afin d’éviter un surmaillage, comme en optique, et d’écarter le risque d’un développement de l’offre de soins en raison de « motivations commerciales »

  • Une étude de possibilité d’un conventionnement sélectif avec des règles spécifiques pour les zones sur-dotées et pour les zones sous-dotées, comme cela existe pour les infirmiers et les masseurs-kinésithérapeutes

  • Une règlementation de la publicité commerciale et, plus particulièrement, des promotions pour « mettre un terme au régime qui s’applique aux aides auditives afin d’empêcher les remises, cadeaux, promesses de résultats, etc. »

  • Adoption d’un décret en Conseil d’Etat fixant les règles professionnelles, comme proposé par l’Igas

  • Mise en place d’un questionnaire de satisfaction simplifié (autre recommandation de l’Igas), comme attendu de longue date

« Les audioprothésistes, libéraux et enseignes, qui jouent le jeu depuis le début, verraient en effet d’un très mauvais oeil un potentiel « retour de bâton » tarifaire si celui-ci devait être la conséquence d’une trop grande dérive de la dépense, induite par les pratiques commerciales déloyales et contreproductives d’une minorité d’acteurs », avertit le SDA.

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