Publié le 11/01/2023

 

Une visioconférence, organisée hier matin, a fait le tour des thématiques qui seront abordées au cours de la soirée santé de la Semaine du son, le mercredi 18 janvier à l’Unesco.

 

Le fondateur de la Semaine du son, Christian Hugonnet, la directrice de l’Institut de l’audition, Christine Petit, le directeur du centre de recherche et d’innovation en audiologie humaine (Ceriah, au sein de l’Institut), Paul Avan et Géraldine Honnet, directrice médicale de Sensorion, ont balayé les grands enjeux actuels. Saluant « l’effort de transversalité [de la manifestation] qui permet de désenclaver tous les sujets et en particulier celui de la santé auditive », le Pr. Petit a présenté les grands bouleversements en cours. La réforme 100 % santé a amorcé une « révolution », qui ne se réalisera qu’à la condition que la science « élabore les moyens de son transfert auprès des patients ». Ces 10 dernières années, les recherches ont montré à quel point la perte auditive qui débute en milieu de vie contribue à la baisse des fonctions cognitives. Plus récemment, les scientifiques ont cherché à l’expliquer. L’association entre une perte auditive et un amoindrissement de la vascularisation du cortex auditif a été identifié. « Il y a là un immense chantier », a souligné Christine Petit. La connaissance des mécanismes défectueux des différents types de surdités s’appuie actuellement beaucoup sur les découvertes en matière d’hérédité : plus d’une centaine de gènes sont désormais connus. Enfin, une autre piste de recherche porte sur la possibilité de « refaire pousser les prolongements neuronaux ». Les thérapies cellulaires ou géniques devraient donner lieu à des essais cliniques dans les prochaines années. « Les 1ers succès pourraient être obtenus dans la prévention de l’apparition d’une surdité héréditaire », a précisé Christine Petit.

 

Du côté des thérapies, Géraldine Honnet, de la société de biotechnologie Sensorion (qui vient justement de lancer un essai clinique) a indiqué plusieurs champs de développement de traitement : pour prévenir l’ototoxicité de certaines molécules, pour traiter les traumatismes sonores – le laboratoire collabore avec l’armée sur ce sujet – et, bien sûr, les thérapies géniques. Il est possible que les recherches sur les traitements médicamenteux aboutissent dans les 5 années qui viennent.

 

La meilleure connaissance des surdités, d’un point de vue fonctionnel et génétique, ouvre également sur une meilleure réhabilitation par les aides auditives, a expliqué le Pr Avan : « Les appareils devront être capables de faire face à des besoins très différents selon les patients. Théoriquement, les aides auditives le peuvent mais (…) le prérequis c’est de poser de meilleurs diagnostics, il faut que nous soyons plus fins dans nos évaluations ». Du côté du grand public, le professeur estime que plusieurs notions seraient à mieux transmettre. Tout le monde devrait connaître les signaux d’alarme de la perte auditive (acouphènes, difficulté de compréhension dans le bruit) et avoir le réflexe de s’auto-évaluer, avec Höra par exemple. « Une grande partie du son que nous recevons est de notre propre choix, nous en sommes pour partie les déterminants, mais il n’est pas facile de comprendre les paramètres qui sont impliqués », a-t-il ajouté en jugeant que la sensibilisation à ce qu’est « un bon son » devrait commencer dès l’école.

 

Dans cette optique, la Semaine du son a initié l’année dernière une réflexion qui doit aboutir, en 2024, à la création d’un label pour les enregistrements sonores respectueux de l’ouïe, non sur-compressés. Christian Hugonnet a fait un rapide point d’étape. Le travail se poursuit avec Universal, l’Ircam et l’Institut de l’audition, un post-doctorat est en cours. Cette recherche identifiera les critères d’attribution pertinents pour ce label de qualité sonore.

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