L’Association de réadaptation et de défense des devenus sourds et malentendants (ARDDS) vient de publier les résultats de sa seconde enquête auprès de ses adhérents équipés d’aides auditives. Elle compte de nombreux enseignements sur leur ressenti, le bénéfice de l’appareillage et ses limites.
Cette année, les personnes interrogées ont été invitées à préciser comment elles avaient trouvé leur audioprothésiste. La fidélité à un professionnel déjà connu est la 1ère réponse donnée, mais dans une proportion finalement peu élevée (à peine un tiers), la recommandation d’un proche, d’un médecin ou la proximité géographique sont des facteurs clés.
Pour cet item comme pour tous les autres, il faut noter que les répondants (506 réponses vs 144 en 2022) présentent une surreprésentation des pertes sévères ou très sévères par rapport à la population générale d’âge comparable. La moitié des sondés déclare également souffrir d’acouphènes. L’échantillon est majoritairement féminin. Il s’agit d’un panel d’utilisatrices et utilisateurs expérimentés (année médiane du 1er achat : 2004), avec une observance élevée : 81 % portent leurs appareils plus de 8 heures par jour, 9 % supplémentaires 6 à 8 heures. Le renoncement complet est de 1 %.
Les résultats de ce second sondage de l’ARDDS viennent confirmer ceux de l’année dernière : la classe I surpasse la classe II, en satisfaction. Les appareils 100 % santé obtiennent une note globale de 7,43 sur 10 contre 7,35 pour ceux à prix libres. Les 2 notes ont progressé (7,3 et 7,1 l’année dernière). 20 % des sondés sont équipés de classe I, 80 % d’entre eux en renouvèlement.
Les appareils à tarif libre ne sont jugés meilleurs que sur « l’amélioration de la compréhension ». Cette évaluation peut donner le sentiment aux patients qui lisent l’enquête que la différence de prix ne se justifie pas par un meilleur service rendu. Mais on peut aussi l’interpréter comme la confirmation que le choix prothétique est majoritairement bien adapté aux besoins des patients.
17 % des propriétaires de classe I et 21 % des propriétaires de classe II ont essayé plusieurs appareils avant d’acheter. Ce chiffre varie énormément d’un réseau ou d’un audio à l’autre : de + de 50 % à 6 % (chez un low coster).
Dans le détail les porteurs d’aides auditives de classe II souffrant d’une perte auditive au moins sévère se déclarent plus insatisfaits que ceux de classe I dans toutes les situations sur lesquelles ils ont été interrogés : à table à plusieurs, en cas de chuchotements, devant la télévision, dans la rue, au téléphone, au cinéma…
Comme dans le précédent volet du sondage, les raisons du non-choix de la classe I sont éclairantes : en majorité elles recouvrent des réalités tangibles : performances des appareils, incompatibilité avec la perte auditive (expliquée par l’audioprothésiste), mais 12 % des répondants se sont trouvés dans une situation hors des clous : que l’audioprothésiste ne leur ait pas proposé d’appareils de classe I ou qu’il les ait déconseillés sans explication. Ce chiffre, en nette baisse par rapport à l’enquête 2022, reste hautement problématique (10 % de cas potentiellement non conformes à la réglementation).
Pour 52 % des répondants, changer les piles des appareils est très facile.
4 sur 10 utilisent leur smartphone comme télécommande.
Enfin, les aides auditives de classe I semblent moins fragiles que celles de classe II. Leur taux de panne déclaré par les patients est inférieur.
Les résultats complets commentés ont été publiés dans le numéro d’avril 2023 de la revue 6 Millions de malentendants, éditée par la fédération Bucodes SurdiFrance.
L’Ouïe Magazine exprime ses plus vifs remerciements à Richard Darbéra, vice-président de l’ARDDS.
