Ouïe Magazine

 
Publié le 05/07/2023

 

Le directeur général de Starkey France, Fabrice Vigneron, a récemment été nommé président du pôle audiologie du Snitem, qui fédère les fabricants français et porte leur voix. Il évoque pour L’Ouïe Magazine la position des industriels sur les sujets clés de l’actualité de la filière : évolution du 100 % santé, comportement du marché, accès à la prescription, innovations technologiques…

 

L’Ouïe Magazine : Comment appréhendez-vous votre mandat au Snitem ?

Fabrice Vigneron : Je l’aborde avec sérénité et en ayant conscience des responsabilités qu’il représente, tout particulièrement dans la période actuelle. 2023 est une année charnière, avec des discussions importantes avec les pouvoirs publics sur l’évolution du 100 % santé. Je vais assumer cette mission dans la continuité des actions menées ces dernières années par mes prédécesseurs, Pascal Boulud et Guillaume Joucla.

 

Les chiffres de l’Assurance maladie montrent un maintien de la dynamique du marché, avec une hausse des remboursements de 5,4 % au 1er trimestre 2023 vs. 2022. Le Snitem évoque de son côté un ralentissement brutal (-9,1 % en volumes) du nombre d’appareils délivrés depuis novembre 2022, qui serait dû notamment à la fin de la primo-prescription par les généralistes non formés. Comment expliquez-vous ce décalage ?

Nous constatons effectivement un repli depuis 8 mois. La fin de la primo-prescription par les généralistes joue très certainement un rôle, mais il est compliqué d’en évaluer précisément l’impact. Les pouvoirs publics nous donnent l’impression d’avoir reçu le message et été sensibles à nos arguments, surtout sur les conséquences de la fin de la dérogation sur l’accès aux soins. En ce qui concerne le décalage entre les données du Snitem et celles de l’Assurance maladie, il faut préciser que les premières parlent de sell-in aux audioprothésistes, et les secondes de sell-out, sur la base de facturations et de remboursements d’appareils vendus après la période d’essai obligatoire de 30 jours. La date de transmission à l’AMO joue aussi. Par ailleurs, les audios ont désormais davantage de stock. Les fabricants ont donc de l’avance. Leurs chiffres et ceux de l’Assurance maladie devraient se rejoindre prochainement.

 

Lors de la dernière réunion du comité de suivi de la réforme, il a été évoqué un élargissement du champ de la classe I, notamment aux surpuissants. Qu’en pensent les fabricants ?

Nous sommes favorables à toute discussion et comprenons la volonté des pouvoirs publics de mettre à jour la classe I, c’est un axe prioritaire pour eux. Mais il faut réfléchir à toutes les conséquences, notamment économiques, de l’introduction de nouveaux produits dans ce panier. Les impacts de la réforme commencent seulement à apparaître, avec une baisse de la rentabilité des fabricants. Certains fournisseurs proposent déjà des surpuissants en classe I sans y être contraints. Cependant, tous ne peuvent pas le faire systématiquement. Faut-il laisser le système ouvert ou contraindre ? Le cas échéant, pour ces appareils, va-t-on aussi nous demander de proposer l’équivalent en classe I de nos classes II ? Les surpuissants sont plus coûteux dans leur conception. C’est une catégorie à part qui s’adresse à des patients très spécifiques. La classe I d’aujourd’hui est performante, ses aides auditives se situent dans le milieu de gamme, qui correspond au haut de gamme dans certains pays. Nous pensons qu’il existe d’autres axes de réforme qui auront plus d’impact, et le ministère en a conscience.

 

Quels sont ces axes ?

Il faut améliorer l’accès géographique aux soins et trouver des solutions durables à la baisse de la démographie des ORL. En parallèle, le ministre a évoqué une réflexion à mener pour un meilleur dépistage des troubles de l’audition, qui doit être généralisé à partir d’un certain âge. On peut imaginer des grandes campagnes nationales de sensibilisation. C’est un point qui nous semble très important. Nous souhaitons également davantage de régulation, afin que la réforme soit aussi une réussite qualitative : il faut vérifier la qualité de la prise en charge, la satisfaction, l’observance, le suivi. Les fabricants se montrent très vigilants sur les process et moyens mis en place pour éviter les fraudes et dérives.

Cette interview en intégralité est à lire dans le nouveau numéro de L’Ouïe Magazine (123).

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