Publié le 25/09/2023

 

L’initiative Mission Audition, lancée par Guillaume Flahault, ancien président du Synea, et Marc Greco, ancien président du Synam, a pour but de ne laisser aucun malentendant sans solution, y compris ceux qui n’ont pas de couverture santé.

 

Ce n’est pas un hasard si ce sont deux anciens présidents d’organisations professionnelles, ayant pris part aux négociations de l’accord sur le 100 % santé, qui ont fondé Mission Audition. « Depuis 2018, j’avais dans l’idée de faire quelque chose pour les malentendants en difficulté financière, mais je ne savais pas sous quelle forme le concrétiser : entreprise à mission, association… », raconte Guillaume Flahault. « On savait qu’il y avait un trou dans la raquette car le 100 % santé ne s’applique qu’aux contrats responsables, mais les pouvoirs publics pensaient que la concurrence entre les complémentaires aboutirait à une diminution de la proportion de patients non couverts par ce type de contrats, or ça n’a pas été le cas », ajoute Marc Gréco.

 

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Mission Audition bouche le trou dans la raquette du 100 % santé

Guillaume Flahault et Marc Gréco.

Les deux hommes ont imaginé un modèle tout à fait inédit. Les centres auditifs Mission Audition, dont le 1er a vu le jour en février 2023 à Gennevilliers, sont implantés dans des communes présentant un taux de pauvreté supérieur à la moyenne nationale. Ils ne proposent que des appareils de classe I. Et pour 4 appareillages en 100 % santé, une personne ne pouvant en bénéficier se voit offrir un équipement et le suivi. « Aujourd’hui les appareils de classe I sont excellents même s’ils n’ont pas toutes les options : tout le monde n’a pas besoin de tout, souligne Marc Gréco. Cela ne veut pas dire que la classe I vaut la classe II. Nous avons présenté notre projet à tous les fabricants et tous ont joué le jeu. »

 

Un slogan : “L’écoute au coeur”

La vocation sociale de Mission Audition repose sur plusieurs fondamentaux : un modèle économique viable mais à but non lucratif, un très important travail avec les acteurs locaux pour aller toucher les populations les plus éloignées des soins auditifs. « Nous visons les patients qui ont l’Assurance maladie mais pas de complémentaire ou un contrat non responsable, avec des toutes petites garanties, ou qui ont l’Aide médicale d’Etat (AME) voire aucune couverture », explique Marc Gréco. Mission Audition cible également toutes les personnes résignées, qui ne passeront jamais la porte d’une enseigne classique, de peur qu’on les appâte avec un prix d’appel…

 

Mission Audition bouche le trou dans la raquette du 100 % santé

Sakina Pyarali, audioprothésiste et son assistante, avec Guillaume Flahault dans le centre de Gennevilliers.

En effet, il est démontré que les personnes pauvres au sens de l’Insee (11 millions de personnes ont un revenu inférieur à 60 % du revenu médian) ont une santé plus fragile et que le non-recours à leurs droits sociaux est fréquent : quasi ¼ des personnes éligibles à la CSS n’ont aucune complémentaire santé d’après la Drees. C’est pour ces raisons que des démarches d’« aller vers » sont indispensables. « Le renoncement aux soins n’est pas qu’une question d’argent, il faut donc multiplier les points de contact avec les personnes concernées, souligne Guillaume Flahault. Nous cherchons à créer un environnement vertueux avec les acteurs du territoire pour répondre aux besoins. » Toute implantation est construite avec eux, en premier lieu les collectivités locales et leurs structures sanitaires et sociales. Les audioprothésistes de Mission Audition organisent plusieurs journées de dépistages par semaine : dans les centres, avec les associations comme les Restos du cœur, dans les centres municipaux de santé, les maisons des aînés… C’est une façon un peu différente d’exercer le métier « mais, pour les 5 audios qui nous ont rejoints, cela donne du sens, ils ont un impact social et une relation beaucoup plus proche avec les médecins de terrain que dans une pratique classique », précise Guillaume Flahault.

 

3 centres Mission Audition sont ouverts à Gennevilliers (92), Bagneux (92) et La Courneuve (93), 4 autres créations sont en cours pour 2023. Et l’objectif est d’en ouvrir 12 en 2024, en région, peut-être dans Paris aussi. En rythme de croisière, 50 centres permettraient d’appareiller au moins 5 000 patients par an dont 1 000 gratuitement. Actuellement Mission Audition repose sur une association et une entreprise, cette dernière étant pensée par les 2 fondateurs comme un véhicule temporaire pour lancer l’activité mais le cœur du projet est associatif et social.

 

 

Richard Darbéra, vice-président de l’ARDDS*, ancien président de SurdiFrance

« Ce que je savais du projet m’avait emballé, mais il ne me semblait pas facile à mettre en œuvre. J’ai été très content quand Guillaume et Marc m’ont annoncé qu’ils l’avaient concrétisé. Notre association a longtemps lutté pour un meilleur remboursement des appareils auditifs car nous avions constaté que c’était un frein majeur à l’équipement en France. Puis il y a enfin eu le 100 % Santé. Mais une enquête que nous avons menée auprès de nos adhérents nous a montré que certains d’entre eux ne pouvaient pas en bénéficier faute d’avoir une mutuelle ou, tout simplement, faute d’information. Pour des personnes âgées, par exemple, certaines démarches sont dissuasives. Et l’on sait qu’un tiers des foyers éligibles au RSA ne le demandent pas. La plupart de nos adhérents trouvent dans l’association la plupart des aides et des conseils dont ils ont besoin, par le bouche-à-oreille et dans notre magazine “6 Millions de Malentendants”. Quand nous leur avons annoncé la mise en œuvre de Mission Audition en leur détaillant ses modalités, plusieurs d’entre eux ont salué l’initiative. »

 

 

*Association de réadaptation et défense des devenus sourds

 

 

 

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