Publié le 10/01/2024

 

Une conférence de presse a présenté ce matin les axes principaux de la soirée santé auditive de la Semaine du son, qui aura lieu mercredi 17 janvier au ministère de la Santé sur le thème « Quelle influence la musique a-t-elle sur notre cerveau ? ».

 

Comme l’a rappelé Christian Hugonnet, acousticien, président fondateur de l’association, la Semaine du son a pour objectif de remettre le sonore à sa juste place et, cette année, l’évènement se concentrera sur la notion d’écologie. La traditionnelle soirée santé, elle, portera sur les effets de la musique sur le cerveau. En effet, a expliqué Paul Avan, directeur du Ceriah, l’écoute de la musique passe par un circuit complexe et pas encore complètement compris, qui va de l’oreille au système auditif neuronal, qui traite les mélodies et le rythme. Les autres aires cérébrales vont dialoguer avec lui, mettant en jeu des fonctions cognitives, la mémoire, mais aussi les émotions. « On observe des synchronies entre des groupes de neurones et d’autres phénomènes comme des réflexes qui vont s’activer, protéger nos oreilles contre des montées d’intensité excessives, par exemple », a précisé le Pr Avan. Emmanuel Bigand, professeur de psychologie cognitive titulaire de la chaire Musique Cognition Cerveau, explique, par métaphore, que l’écoute de musique déclenche une « symphonie neuronale » (titre d’un ouvrage qu’il co-signe avec Barbara Tillmann), une synchronisation des influx nerveux. « La musique est un objet de culture, sans aucun doute, mais elle a des racines quasi-biologiques en ce qu’elle permet la communication et la connexion avec nos congénères. »

Soigner le cerveau

Des travaux sont aujourd’hui engagés à la fois pour mieux comprendre ces mécanismes et pour explorer des pistes thérapeutiques. Séverine Samson, professeure de neuropsychologie cognitive à l’université de Lille, rattachée à l’Institut de l’audition, s’intéresse, entre autres, au frisson musical. Des chercheurs canadiens et espagnols ont montré que l’écoute de la musique active le circuit de la récompense et induit une libération de dopamine. « On sait que la musique va moduler l’humeur, apaiser, exciter. Des études récentes nous ont renseigné sur son effet anesthésiant : ce sont les musiques que l’on aime qui ont cet effet, plutôt que celles dites relaxantes. Le plaisir musical implique l’ensemble du cerveau, augmente la connectivité entre les régions sous-corticales et corticales. » Séverine Samson a supervisé des recherches sur les effets de l’écoute musicale sur l’état émotionnel et le comportement des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et apparentées, ainsi que sur la souffrance des aidants. Une efficacité sur le bien-être des malades et de leur entourage a été repérée.

Soigner l’audition

Cette approche illustre le fait que « l’audition est un point d’entrée dans le cerveau, qui est particulier et qui pourrait aider à soulager les malades » selon les mots de la Pr Anne-lise Giraud, directrice de l’Institut de l’audition (IDA) et future tête de l’IHU re-Connect, qui doit ouvrir ses portes en mars prochain. La douzaine d’unités de recherche actuellement en place à l’IDA – structure unique au monde – ont, chacune, une vision fondamentale et une approche thérapeutique, pour développer des traitements, si possible curatifs et plus seulement palliatifs.

La soirée santé du 17 janvier sera, enfin, l’occasion de refaire un point d’étape sur plusieurs actions conduites ou soutenues par la Semaine du son : l’étude sur les effets des sons compressés, la mise au point d’un label de qualité sonore, qui devrait voir le jour en janvier 2025, la sensibilisation du grand public sur la notion de décibel… Cette dernière est portée, entre autres, par Arnaud Coez, audioprothésiste et chercheur à l’IDA. Il a rappelé que les oreilles des musiciens sont surentraînées, mais que l’on a trop souvent tendance à occulter le phénomène physique associé à leur pratique, l’émission de sons, qui en fait une population à risque quant à son audition.

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