En photo de gauche à droite, Quentin Riaudel du cabinet nile, Matthieu Del Rio, président du Collège national d’audioprothèse, Jean-Michel Klein, 1er vice-président du SNORL, Laurence Mouillet, consultante chez nile, Sandrine Bousquet-Cabrol, directrice accès au marché chez Cochlear France et Johann Vitrey-Tardif, chef d’entreprise et président du comité d’éthique de la SFORL.
Ascolta est un cercle de réflexion atypique dans le champ de l’audiologie. Ce “Do Tank” (comme un groupe de réflexion, “Think tank”, mais plus collaboratif et tourné vers l’action) porte des propositions pour améliorer le parcours de soins des malentendants, de la prévention au suivi de la réhabilitation.
Action pour la solution cochléaire et les technologies d’avenir, Ascolta (qui veut dire Ecoute ! en italien) est une coalition d’intérêts, qui rassemble des représentants du secteur en vue de faire évoluer les choses. Créé en 2021, le Do Tank a publié en début d’année son 2e manifeste. Il contient 7 propositions concrètes pour améliorer la prise en charge des personnes sourdes et malentendantes (leur liste, ci-dessous). Le texte lui-même est à la fois un outil de communication et d’influence. Les points qu’il défend n’ont rien d’inédit, pour qui connaît l’écosystème de l’audiologie, mais sont des mesures clés pour améliorer le parcours de soins des malentendants. « Il s’agit de remettre le patient au centre que ce soit pour l’ORL, l’audioprothésiste, l’industriel : que tout soit réfléchi au regard de l’efficacité pour le patient lui-même, dans une logique de pertinence des soins, explique Jean-Michel Klein. Nous faisons passer la santé publique avant les intérêts corporatistes. » « Même si les propositions d’Ascolta semblent évidentes, elles ne sont pas encore mises en place », souligne Sandrine Bousquet-Cabrol de Cochlear.
Parler moins de surdité et plus de l’audition
Pour Johann Vitrey-Tardif, les hommes et femmes qui composent Ascolta se sont retrouvé.es sur l’utilité d’un outil de réflexion pluridisciplinaire, au sein duquel il n’y a pas de hiérarchie (pas de bureau, pas de conseil d’administration). « Enfin, le patient est assis autour de la table et c’est la raison pour laquelle j’ai rejoint Ascolta », explique celui qui a subi une surdité brusque à 38 ans et été implanté à 39 ans, avant de s’investir au sein de la Fondation pour l’audition puis de prendre la tête du comité d’éthique de la SFORL. « Tout ce qui relève de l’intégration de l’expertise patient fait partie des recommandations de la HAS, rappelle Mathieu Del Rio. Le Do Tank travaille de façon indépendante, j’y suis très sensible et je suis convaincu de l’efficience de ce type de groupe. Il ne s’agit pas de rajouter encore un autre groupe de réflexion mais de jouer sur l’un des leviers qui peut être utilisé : le politique. Qu’il y ait des personnes pour porter ce combat et ces idées bienveillantes au plus au niveau, c’est une opportunité. »
Les propositions d’Ascolta
- 1 : Créer une journée du son au sein des établissements scolaires
- 2 : Étendre largement à d’autres professionnels la possibilité de proposer la détection des pertes auditives à l’aide du déploiement d’outils de dépistage
- 3 : Intégrer dans les rendez-vous de prévention aux âges clés un dépistage objectif et un module de la prévention des surdités à toutes les tranches d’âges
- 4 : Produire une épidémiologie sincère des surdités invalidantes pour permettre la mise en œuvre de politiques adaptées, créer des registres permettant de dégager des indicateurs
- 5 : Rendre systématique la transmission à l’orthophoniste d’informations associées à la prise en charge de surdité par Mon Espace Santé
- 6 : Déployer le questionnaire de suivi du patient dans le cadre du 100 % santé et le généraliser à toute la filière auditive
- 7 : Améliorer la prise en charge et le suivi du patient par l’actualisation, l’approfondissement et le suivi des formations des professionnels de santé de la filière auditive
Un moment favorable
Les membres d’Ascolta perçoivent actuellement une volonté, du côté du politique, de recevoir des propositions (ce qui n’a pas toujours été le cas) de la part des acteurs de la filière audiologique. Les positions prises par le Do-tank sont le fruit d’une délibération par consensus. C’est l’une des indéniables particularités de cette initiative. Parmi les problématiques auxquelles il a voulu répondre, on trouve notamment : le retard du repérage et/ou de l’orientation vers une implantation, la prise en compte des retours des patients dans l’organisation de la prise en charge, la création des conditions d’une réelle pluridisciplinarité… Ascolta veut aussi participer à lever le stigmate sur la perte auditive. Pour faire valoir des « solutions de bon sens et citoyennes », Ascolta bénéficie de l’expertise de nile, qui en assure le secrétariat général. Ce cabinet d’“affaires publiques” (lobbying, influence) identifie les interlocuteurs utiles dans les ministères, les administrations, parmi les parlementaires pour faire valoir auprès de chacun d’eux les propositions. Le groupe a aussi un rôle d’identification des bonnes initiatives locales qui pourraient être essaimées. Le travail de nile est financé actuellement par Cochlear : le 1er manifeste était, en effet, parti d’une réflexion sur les surdités sévères et profondes, mais la démarche du Do Tank porte aujourd’hui sur les malentendants et patients de tous âges et quel que soit le degré de perte.
*En dehors des présents sur la photo, Ascolta réunit également : François Moro, manager en établissement de santé et chargé d’enseignements en droit, Olivier Mariotte, président de nile, Bernard Fraysse, professeur émérite et ancien président de la société mondiale d’ORL, Etienne Caniard, ancien membre du collège de la HAS et président honoraire de la mutualité française et Béatrice Noëllec, directrice des relations institutionnelles et de la veille société et déléguée générale de la fondation des usagers du système de santé de la Fédération hospitalière privée (FHP).
