Catherine Takeda, gériatre au CHU de Toulouse, attachée à l’Institut hospitalo-universitaire HealthAge, a présenté, lors de la Journée de l’audition organisée par la SFORL, la généralisation du programme de prévention Icope, dont elle est médecin référent.
Pour rappel, le programme de prévention Icope (soins intégrés de la personne âgée) a été développé par l’Organisation mondiale de la santé. Son objectif est d’accompagner le vieillissement en bonne santé des seniors à partir de 60 ans, défini par l’OMS comme le maintien des fonctions pour continuer à faire ce qui est important pour chacun d’entre nous.
Un important maillage partenarial est mis en place, dans le cadre du programme de prévention, pour assurer le plan de soins personnalisé, si nécessaire.
Il se déroule en plusieurs étapes, à commencer par une évaluation ou auto-évaluation via une plateforme digitale (Icope Monitor, mobile ou web app, référencée dans le catalogue Mon Espace Santé) de 6 fonctions clés du bien vieillir : la cognition, la mobilité, la nutrition, l’audition, la vision et l’état psychologique. En fonction des résultats, une évaluation approfondie est proposée pour rechercher des pathologies et des facteurs de risque de perte d’autonomie, mais aussi interroger l’environnement et les besoins sociaux de la personne. En fonction, un plan de soins personnalisé, s’appuyant sur les ressources locales et développé avec la personne elle-même est mis en place, ainsi qu’un suivi. Au CHU de Toulouse, pionnier dans l’expérimentation Icope, une plateforme de télésuivi permet d’analyser et de traiter les alertes. 4 infirmières y travaillent, avec les médecins. Avec un peu plus de 27 400 personnes passées par l’étape 1, le CHU de Toulouse a dépassé la moitié de sa cible (54 500 seniors).
De l’expérimentation à la généralisation
L’expérimentation du programme s’est déroulée de janvier 2022 à décembre 2024, via un article 51, dans 9 régions. Depuis le 1er juillet, sa généralisation à toute la France a été lancée. En septembre, l’Assurance maladie a débuté un programme d’information pour inviter les seniors à faire leur auto-évaluation. Mais celle-ci peut aussi être faite avec l’accompagnement d’un professionnel formé à la méthode. L’objectif est d’inclure 2 millions de personnes de 60 ans et plus d’ici à 2027.
Etat des lieux et futur essai clinique
Dr Catherine Takeda
Entre 2020 et la mi-septembre 2025, 95 234 personnes ont bénéficié du programme Icope. 29,6 % des tests de l’étape 1 ont été réalisés en auto-évaluation. 16 984 professionnels ont été impliqués dans le programme. 84 % des évaluations initiales ont déclenché une alerte. Les deux fonctions les plus atteintes, dans ces repérages, étaient l’audition (44,6 %) et la cognition (45,3 %). La moyenne d’âge des participants était de 73,4 ans. 62,3 % étaient des femmes.
Au 1er septembre 2025, 8 388 professionnels avaient suivi la formation à l’étape 1 d’Icope via la plateforme d’e-learning : infirmiers, kinés, pharmaciens, médecins, ergothérapeutes et diététiciens. On notera l’absence des audioprothésistes alors même que l’audition fait partie des fonctions clés pour repérer les risques de perte d’autonomie.
Outre sa généralisation, l’efficacité du programme Icope dans la prévention du déclin fonctionnel lié à l’avancée en âge va donner lieu à un essai contrôlé randomisé de 36 mois : Icope Trial. Il débute tout juste à Toulouse, Angers, Limoges, Castres, Perpignan et Tarbes.
