Publié le 29/09/2015

L’association consumériste a publié le 28 septembre une étude résolument à charge contre la profession, qui dénonce sur une trentaine de pages « un marché verrouillé au détriment des malentendants. » Cette publication, très largement reprise par la presse grand public, a provoqué une réaction immédiate du Syndicat national des audioprothésistes : dans un communiqué, l’Unsaf démonte point par point ses accusations et s’interroge « sur le véritable bénéficiaire de la dérégulation sauvage que l’UFC-Que Choisir appelle de ses vœux. » En effet, les conclusions de l’étude ont été établies à partir de 4 700 devis d’audioprothèses fournis par Santéclair.

 

Dans son étude, l’UFC-Que Choisir pointe une nouvelle fois du doigt le prix des aides auditives (qu’elle établit à 1 550€ en moyenne par appareil) qui serait LA cause du renoncement à l’équipement pour 2,1 millions de malentendants. Elle explique que « l’origine de ces prix excessifs est à chercher du côté des audioprothésistes qui revendent les appareils 4,5 fois leur prix d’achat (327 €), réalisant une marge brute moyenne de 78 % et une marge nette très confortable entre 15% et 18% (contre 10 % dans le déjà rentable secteur de l’optique). » Les arguments classiques de ce marronnier sont bien évidemment à nouveau repris dans l’étude, de la pénurie « savamment entretenue d’audioprothésistes en France » à l’indissociabilité des prestations, en passant par le « lobby de la profession qui se mobilise pour un lucratif statu quo. » L’association dénonce aussi les liens d’intérêt des médecins ORL avec les fabricants et distributeurs d’aides auditives et, à la faveur de la récente actualité du secteur, l’intégration verticale de la distribution, qui instaure une « surprenante dépendance économique de nombre d’audioprothésistes envers leurs fournisseurs. » Sur la base des éléments qu’elle avance, l’UFC-Que Choisir formule trois demandes aux pouvoirs publics : l’augmentation du numerus clausus pour les études d’audioprothésiste, la dissociation du remboursement de l’audioprothèse et des prestations associées, et la pleine transparence sur les liens capitalistiques et financiers qui unissent audioprothésistes et fabricants.

 

Rapport « biaisé »

La réaction du Syndicat national des audioprothésistes ne s’est pas fait attendre. Dans un communiqué, l’Unsaf dénonce « un rapport biaisé au détriment des patients » dont il rectifie le contenu à partir de sources vérifiées et ce, point par point. Il rappelle ainsi que le prix des appareils auditifs en France est dans la moyenne basse Européenne et assure, chiffres à l’appui, que le nombre d’audioprothésistes en France est suffisant pour un bon service aux patients : « La France dispose de 3100 audioprothésistes pour 65 millions de personnes. L’Allemagne en a 4 850 pour 81 millions d’allemands. Serait-il utile de disposer de 7150 audioprothésistes, soit 47% de plus qu’en Allemagne pour une population inférieure de 16 millions de personnes ? », questionne-t-il. Le syndicat relève en outre un bon taux d’équipement en France malgré la faiblesse de la prise en charge des régimes obligatoires et complémentaires : « en Angleterre, le remboursement est complet. Pourtant le taux d’équipement en France, 34,1%, est seulement inférieur de 20% à celui de l’Angleterre, 42,4%. Et cela grâce à la qualité du travail de nos audioprothésistes dont les enquêtes internationales montrent qu’ils obtiennent le meilleur taux de satisfaction d’Europe : 84% contre 70% seulement en Angleterre. » L’organisation explique enfin que « le salaire des jeunes audioprothésistes est couramment compris entre 2 000€ et 2 400€ », soit proche de celui des autres professions de santé. Et, alors que l’UFC-Que Choisir prétend que les organisations professionnelles font tout pour maintenir un « lucratif statu quo », elle rappelle avoir fait des propositions pour diminuer les coûts, dont certaines ont été validées et mises en application par le ministère de la Santé.

 

Que Choisir instrumentalisée par Santéclair ?

Alors que l’Unsaf base ces arguments sur les données de l’Assurance Maladie (SNIIRAM15) auxquelles elle accède en tant que membre de l’Union nationale des professions de santé (UNPS), l’UFC-Que Choisir ne l’a pas consulté et a travaillé à partir des 4 700 devis de Santéclair qui, rappelle le syndicat, promet des prix 45% moins chers sur les audioprothèses. « Ces remises ne permettent pas un service minimal aux patients et le nombre d’audioprothésistes à avoir adhéré à ce réseau est estimé à 300-400 professionnels, soit à peine 10% de la profession. Il est certain que si cette société avait à sa disposition 7 150 professionnels comme le réclame « Que Choisir », dont beaucoup certainement avec une activité faible ou nulle, elle pourrait aisément les contraindre à accepter toutes ses conditions. « Nous interpellons donc Allianz, GMF, MAAF et MMA sur les agissements opaques de leur filiale. Nous nous interrogeons aussi sur l’instrumentalisation de « Que Choisir » pour porter ces propositions qui ne pourraient que dégrader l’excellente satisfaction actuelle des patients français. Enfin, le législateur doit s’interroger sur les tentatives de dérégulation, menées par certains réseaux de soins à leur seul profit, dans les secteurs que la loi leur a confié : l’optique, l’audioprothèse et le dentaire (deux syndicats de chirurgiens-dentistes, la CNSD et la FSDL, mènent actuellement un procès contre la S.A. Santéclair). A ce propos, une proposition de loi relative aux réseaux de soins sera présentée le 1er octobre par M. Daniel Fasquelle, député du Pas de Calais », souligne le syndicat.

 

Pour lire le communiqué avec l’argumentaire complet de l’Unsaf, cliquez ici.

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