Publié le 09/10/2023

 

Lors de la journée de l’audition, le Pr Christophe Vincent a modéré une table ronde sur la pertinence – sujet déjà abordé lors de la 1ère Journée pluridisciplinaire de l’audition – réunissant : Matthieu Del Rio, président du Collège national d’audioprothèse, le Pr Cécile Parietti-Winkler, présidente du Collège national d’ORL et le Pr Benoît Godey (CHU de Rennes).

 

Pertinence de l’appareillage : le dialogue audios-ORL se poursuit

Le Pr Vincent, chef du service Otologie et otoneurologie du CHU de Lille, a souhaité aborder la discussion sous l’angle de la formation. La pertinence globale de la réhabilitation auditive dépend de celle de 3 étapes clés : prescription, appareillage, suivi. Christophe Vincent a fait référence au groupe de travail qu’il a conduit au sein de la SFA pour mettre en forme un compte-rendu d’appareillage standardisé, en phase avec la règlementation de 2018. « Je suis de ceux qui pensent que l’ORL doit orienter vers un audioprothésiste de qualité ; il est de notre rôle d’assurer la chaîne complète de la pertinence, de la prescription, de l’appareillage, du suivi… », estime-t-il. Sans cette pertinence, on peut se demander si le bénéfice pour le patient est réellement supérieur à ce qu’il serait avec un assistant d’écoute en vente libre.

La formation des ORL et des audios est-elle suffisante pour répondre à ces exigences ?

Pertinence de l’appareillage : le dialogue audios-ORL se poursuit

La réforme du référentiel de formation intervenue en 2017 a clairement posé les connaissances socles que les ORL doivent posséder en audiologie. Le Pr Benoît Godey a indiqué que, par le passé, les ORL n’étaient pas vraiment formés à l’audiologie, alors qu’une prescription d’aide auditive, comme n’importe quelle autre ordonnance doit faire l’objet d’une pédagogie auprès du patient et d’un suivi a posteriori : « Il n’y a pas de domaine médical dans lequel la prescription n’est pas suivie d’un retour, d’une réévaluation du patient : ce serait inconcevable ! ».  Les premiers spécialistes ayant suivi le cursus réformé sont en train de commencer à exercer, a expliqué le Pr Parietti-Winkler. Parallèlement, le Collège d’ORL a encouragé les adaptations de la formation : stage en explorations fonctionnelles dès la première année d’internat, intégration de l’enseignement par simulation en audiologie… Une option audiophonologie est désormais ouverte aux étudiants de 3e cycle avec pour objectif que 10 % des futurs ORL la suivent (ils sont actuellement 5 %).

Matthieu Del Rio, Pr Cécile Parietti-Winkler, Pr Benoît Godey

Matthieu Del Rio a souligné que les audioprothésistes peuvent facilement identifier les patients orientés par des ORL ayant rédigé une prescription bien renseignée et expliqué les enjeux de l’appareillage. Dans les autres cas, l’audio doit faire un important travail de réassurance. Le président du CNA a évidemment rappelé la très forte attente d’une réingénierie, tout en soulignant l’appétence des audioprothésistes pour la formation continue (fréquentation des EPU…). Les rendez-vous de suivi, indispensables pour la satisfaction du patient, sont aujourd’hui bien tracés, a reprécisé Matthieu Del Rio.

« Un langage commun »

Parallèlement, le travail « main dans la main » entre ORL et audioprothésistes doit effectivement passer par les comptes-rendus d’appareillage, à condition que tant les médecins que les audios soient convaincus de leur utilité – sans oublier qu’ils sont imposés par la règlementation. « Les différents professionnels doivent avoir une culture commune, un lexique commun, a insisté le Pr Parietti-Winkler. A titre d’exemple, l’ORL est la seule spécialité à avoir des outils de simulation mutualisés avec des disciplines paramédicales. »

« La meilleure solution pour le patient »

Pertinence de l’appareillage : le dialogue audios-ORL se poursuit

Pr Christophe Vincent

Le Pr Vincent a enfin soulevé la question du faible taux d’implantation, en France. Les professionnels sont-ils suffisamment formés sur cette question ? Est-ce problématique que les généralistes puissent renouveler la prescription d’appareillage y compris pour les patients atteints de surdités sévères à profondes ? Du côté des audioprothésistes, il faudrait introduire plus d’enseignements en implantologie dans les écoles, a jugé Matthieu Del Rio, tout en soulignant les efforts faits dans la formation continue sur ce sujet. « Les ORL et tous les professionnels autour du patient doivent rechercher la meilleure solution pour lui et donc discuter de toutes les alternatives à l’appareillage : implant, rééducation orthophonique, prise en charge des troubles cognitifs », a résumé le Pr Godey.

« Avec le 100 % santé, le quantitatif est au rendez-vous, maintenant agissons pour le qualitatif ! », a conclu Christophe Vincent.

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