Publié le 21/02/2020

L’Autorité a autorisé, en décembre, ce rachat sous condition de la vente de 2 centres auditifs. Sa décision détaille ses lignes conductrices, les parts de marché retenues et les engagements pris pour permettre ce rapprochement.

Le texte de la décision commence par rappeler le contexte dans lequel se déroule cette prise de contrôle. Le groupe Demant est déjà présent dans la distribution, en France, via les réseaux d’Audika (570 centres au moment de la rédaction de l’avis) et Bauhaud (15 points de vente) ; l’opération de rachat concerne les 213 centres Audilab. Le contrat d’acquisition d’actions daté du 12 juillet 2019 prévoit que Demant disposera du contrôle exclusif du groupe Audilab. Pour mémoire, un rapprochement entre les deux groupes avait déjà eu lieu en 2015.

 

Radiographie d’une concentration

Ce rachat constituant sans débat une concentration, l’Autorité a évalué les risques d’atteinte à la concurrence sur les marchés amont et aval, en vertical et en horizontal. Elle n’en a pas identifié sur la partie fabrication et commercialisation en gros d’appareils d’aide auditive (« quelles que soient la segmentation retenue, le groupe Demant détient une part de marché inférieure à 30 % »), ni sur la fabrication et commercialisation en gros d’instruments de diagnostic (part de marché inférieure à 1 % pour Audilab, de l’ordre de 30 à 40 % de part de marché en valeur pour Demant). Quant aux implants auditifs, le rachat ne changera rien au fait que les concurrents disposeront de fournisseurs alternatifs. Dans ce sous-secteur, Demant « détient une part de marché en valeur de [60-70] % en France » vs 20 à 30 % pour Cochlear et 5 à 10 % pour Med-El.

 

Préserver la concurrence sur les marchés locaux

Concernant la distribution, l’Autorité a estimé que « le groupe Demant détiendra ainsi une part de marché estimée à [10-20] % en valeur », ce qui n’est pas de nature à porter atteinte à la concurrence sur le marché aval, même si « l’opération notifiée conduit à la création du premier réseau de centres auditifs en France ». C’est la prise en considération des marchés locaux, qui a amené l’Autorité de la concurrence à conditionner son autorisation à la vente de quelques centres auditifs. Elle a étudié 154 zones de chalandise dans lesquelles les activités des parties, Audilab et Audika, se chevauchaient. Elle a éliminé les territoires dans lesquels la part de marché cumulée des points de vente de ces deux réseaux restera inférieure à 40 %. Elle a aussi écarté ceux dans lesquels la nouvelle entité disposera d’une part de marché en valeur et en volume inférieure à 50 % et fera face à au moins 2 groupes nationaux concurrents. Elle a enfin analysé en détail 15 zones : Alençon, Angoulins-sur-Mer, Apt, Châlons-en-Champagne, Châteaubernard, deux à Châtellerault, Cholet, Cognac, La Chaussée Saint Victor, Lourdes, Marseille, Plan de Cuques, Romorantin et Vierzon. Pour chacune, les sages ont évalué l’état de la concurrence autour d’un centre auditif cible, dans un rayon de 25 mn en voiture alentour.

 

Leur analyse les a conduits à demander à Demant de se séparer de deux centres Audika à Apt et Châtellerault, avec les engagements suivants : cession à un opérateur concurrent soumise à l’approbation de l’Autorité de concurrence ; durant 10 ans, le groupe ne pourra réacquérir les magasins cédés.

 

« Des atouts considérables pour les audioprothésistes Audilab »

Appelé à réagir sur ce rachat, Benoît Roy a indiqué son état d’esprit à nos confrères de BFMTV, le 18 janvier dernier :

« Nous aurons des moyens de développement plus importants pour élargir Audilab, et profiter de tous les atouts d’un groupe industriel qui possède un peu plus de 3000 centres, dans 30 pays. J’ai toujours à peu près doublé [le nombre de centres, ndlr] tous les 4 ans. L’objectif, c’est de continuer : j’espère bien qu’on sera à 440 centres, minimum, dans 4 ans ! »

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