Publié le 14/11/2016

La JNA a proposé à la Haute Autorité de Santé de réaliser « une évaluation du Service médical rendu des solutions de corrections auditives » et de « réintroduire le patient presbyacousique au cœur de la finalité du parcours de santé ». Son président jean-Luc Puel revient sur les enjeux de cette démarche, annoncée dans notre news du 25 octobre 2016. Le Syndicat national des audioprothésistes tient de son côté à apporter des éléments de contexte.

 

« L’association JNA a demandé à la Haute Autorité de Santé qu’une réponse rapide soit apportée au problème de l’accès des malentendants à la réhabilitation fonctionnelle de l’audition. Cette démarche se situe clairement dans l’intérêt des malentendants, et ne vise aucun professionnel de l’audition. En ouvrant un débat sur le Service Médical Rendu, elle invite à une réflexion qui engage tous les acteurs œuvrant dans le domaine de la surdité », explique Jean-Luc Puel dans un communiqué, en précisant que cette démarche s’inscrit dans le cadre du PLFSS 2017. La JNA souligne qu’elle mobilise au quotidien l’ensemble des acteurs de la santé et de la prévention, « porte une action d’intérêt général » notamment via sa campagne annuelle éponyme et « s’est toujours affichée comme un auteur indépendant respectueux des équilibres professionnels et de la qualité de la prise en charge des patients ». « C’est donc tout naturellement, et en toute légitimité que l’association JNA a saisi Madame la Présidente du Collège de la Haute Autorité, pour échanger sur la mise en place éventuelle d’un indicateur objectif d’évaluation tel que le « Service Médical Rendu » mettant au centre du dispositif la satisfaction du patient en prenant en compte de manière indissociée les solutions et l’accompagnement audioprothétique. Dans ce courrier, l’association JNA a aussi rappelé que la réhabilitation fonctionnelle de l’audition correspond à un besoin médical, qui devrait dans les années à venir s’accentuer à cause des conduites à risque des jeunes et du vieillissement de la population », indique le communiqué.

 

L’Unsaf « surpris » du parallèle entre audioprothèses et assistants d’écoute

Suite à la démarche de la JNA, l’Unsaf a quant à elle souhaité apporter des précisions à la HAS. Le syndicat lui rappelle que l’alerte de la JNA « vient s’ajouter à beaucoup d’autres » déjà formulées par les représentants de la profession, le CISS, l’Autorité de la concurrence, etc…, « dont les conclusions convergeaient sur la nécessité d’améliorer la prise en charge de l’audioprothèse, et qui ont été entendues par le Gouvernement » (le 11 octobre, Marisol Touraine a en effet évoqué la nécessité d’une meilleure prise en charge des appareils auditifs). « Cette amélioration des remboursements publics est d’autant plus justifiée que l’efficience des audioprothésistes de notre pays est élevée », ajoute l’organisation, citant une nouvelle étude de la Fédération européenne des malentendants (EFHOH) et des associations européennes d’audioprothésistes et de fabricants (AEA et EHIMA) : celle-ci montre que la France, avec 70 % des « appareillables » équipés, se trouve en 8ème place à égalité avec l’Allemagne, malgré des remboursements publics 7 fois inférieurs. Relayant les réactions d’un certain nombre d’audioprothésistes, l’Unsaf se dit également « surpris de la confusion faite par l’association JNA, lorsqu’elle affirme que ‘les solutions de compensation par les prothèses auditives et les assistants d’écoute sont les seules réponses possibles de traitement médical’ ». Il rappelle que la DGCCRF indique que les assistants d’écoute ne sont « pas adaptés à de réelles pathologies auditives mais plutôt destinés à une aide ponctuelle », que le reste à charge pour l’achat d’une prothèse auditive d’entrée de gamme est inférieur au prix d’un assistant d’écoute ou encore que diverses études montrent que les performances de ces produits ne sont pas comparables à celles des appareils auditifs adaptés sur mesure par les audioprothésistes. « De même, les liens entre qualité de l’accompagnement, satisfaction et observance du déficient auditif appareillé, sont aujourd’hui bien documentés », insiste le syndicat, citant l’Autorité de la concurrence qui reconnaît que l’activité des audioprothésistes « n’est pas comparable à celle d’un commerçant qui achète des produits pour les revendre en réalisant une marge ».

 

Pour le syndicat, créer un indicateur SMR n’est pas une priorité

Enfin, si le syndicat « se félicite de voir que le SMR de l’audioprothèse », mis en évidence par l’étude de Jean de Kervasdoué et de Laurence Hartmann publiée en mars 2016, « ait pu ainsi cheminer », il estime que l’étude du Pr Hélène Amieva (Inserm), d’ailleurs citée par la JNA, « en relativise l’urgence ». Pour rappel, cette étude observationnelle montre que l’utilisation d’appareils auditifs prévient le sur-déclin cognitif constaté chez les malentendants âgés. « Cependant, ‘pour avoir la preuve formelle de l’effet d’une intervention, il faudrait conduire un essai thérapeutique avec un groupe contrôle’, concluait le Pr Amieva lors de la conférence de presse de présentation de l’étude.  Aucune étude interventionnelle de ce genre n’étant en cours à notre connaissance, il nous paraît qu’elle devrait être entreprise en priorité », conclut l’Unsaf.

 

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