Publié le 16/02/2022

Dans les métiers du soin, on recommande de gommer ces particularités physiques, à la fois pour des questions d’hygiène et de sécurité, et pour présenter une image neutre, vue comme plus rassurante et plus professionnelle pour les patients. Cette règle tient-elle à l’heure où 1 Français sur 5 porte 1 ou plusieurs tatouages ? Et dans les métiers en tension ? Que dit la loi ?

 

C’est un classique parmi les conseils aux candidats aux concours paramédicaux : cachez vos tatouages, retirez vos piercings, attachez vos cheveux, voire retirez votre vernis à ongles… On retrouve le même discours pour les jeunes diplômés avant un entretien d’embauche dans les métiers du care. L’employeur doit pouvoir projeter l’image du candidat dans son milieu professionnel… Et le cliché le plus répandu, concernant les professions de santé, est celui d’une apparence rendue neutre par une blouse, gage de bienveillance et de sérieux.

 

Ces représentations, traditionnelles mais aussi fondées – il est plus difficile de réaliser une prise en charge ou un soin quand un patient est rebuté par votre apparence – entrent aujourd’hui en conflit avec des pratiques sociales désormais courantes. 19 % des Français* arborent un tatouage (29 % des moins de 35 ans). Moins répandus mais tout de même bien présents, les piercings ou les colorations capillaires très vives, vert, mauve, etc., sont appréciées d’une partie des étudiants appelés à devenir des auxiliaires médicaux, audioprothésistes…

 

Que dit la loi ?

Refuser de recruter un.e candidat.e (ou se voir refuser un poste) en raison de son apparence physique constitue une discrimination, explicitement prohibée par le Code du travail. En revanche, le règlement intérieur d’un centre auditif peut imposer une tenue vestimentaire (blouse, badge, etc.) ou une façon de se présenter physiquement à condition que ces consignes soient justifiées par l’environnement de travail : pour des raisons d’hygiène, de sécurité, de compatibilité avec le port du masque, etc.

 

Préjugé et acceptabilité

Comme ces pratiques se sont répandues, elles ont perdu de leur pouvoir subversif. Une patiente malentendante de 90 ans peut tout à fait accepter d’être appareillée par une audioprothésiste de 25 ans portant un tatouage sur l’avant-bras ou les cheveux fuchsia. A l’inverse, si un patient réagit négativement à la présence de piercings ou autre particularité physique, il faudra pouvoir y répondre, par une solution alternative ou une explication.

 

Poser le bon cadre

Que ce soit au moment de l’embauche ou dans le fonctionnement quotidien, ce sont des sujets qui doivent être discutés entre l’audioprothésiste et son employeur. Si le choix de se faire tatouer ou de porter des piercings relève évidemment de la vie privée (et ne doit donc absolument pas être évoqué en entretien de recrutement), d’autres questions méritent d’être abordées car elles concernent l’intégration dans le cadre de travail : la possibilité ou non de retirer un bijou si nécessaire, la façon dont l’intéressé répond quand il est interrogé sur ses tatouages… Ce qui peut tout à fait se produire avec un patient !

 

Les marques physiques distinctives ont longtemps été vues comme des obstacles dans les milieux du soin, mais elles sont aussi de formidables points de départ pour la conversation et donc pour tisser un lien avec le patient, facteur de réussite de la prise en charge et de la réhabilitation.

 

 

*Enquête de l’agence d’interim Qapa auprès de ses inscrits, en 2019, confirmant un sondage Ifop-La Croix de 2018 (18 %).
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